Fishing for Success: Lessons in Pacific Regionalism
Fishing for Success: Lessons in Pacific Regionalism
L’ouvrage de Transform Aqorau (Solomon Islands National University), Fishing for Success: Lessons in Pacific regionalism, ne se lit non pas comme un essai académique mais plutôt comme un livre de mémoire, relatant presque 40 ans passés aux premières loges de la création du PNA (Parties à l’Accord de Nauru), devenu sous les yeux de l’auteur le plus grand succès d’entreprise thonière au monde. Ce n’est pas seulement son histoire que l’auteur décrit avec nostalgie, mais surtout l’histoire de 8 « petits » pays insulaires du Pacifique qui se sont battus, envers et contre tous, pour leur droit à l’exploitation souveraine de leurs ressources de thons et les personnalités derrière ces pays, toutes au caractère bien tranchés mais unies par une vision partagée, qui ont porté le projet à bout de bras jusqu’à la ligne d’arrivée.
T. Aqorau nous emmène au gré de ses anecdotes, sur les fondements du PNA et les phases clefs qui ont permis à l’institution de proliférer. Le PNA, officiellement fondé en 1982 par l’Accord de Nauru, était rattaché au secrétariat de l’Agence de pêche du Forum des îles Pacifique (FFA), pendant près de 27 ans, avant que ses membres décident en 2008 de lui établir un bureau propre. Au cours des discussions préliminaires sur la création du PNA Office, la principale raison de la séparation du PNA du secrétariat du FFA portait sur la divergence d’intérêts entre les deux institutions, le FFA étant jugé être à la botte de ses principaux donateurs : l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne. Un changement d’environnement stratégique pour le PNA que l’auteur juge être une progression naturelle des idéaux et visions de l’organisation en matière de pêche.
Le but principal du PNA était d’imposer des limites et mesures sur la pêche dans leurs Zones économiques exclusives (ZEE) pour créer de la rareté et augmenter la valeur de la pêche, générant une hausse des profits pour les États souverains. Le PNA a permis la création d’une structure permettant aux États-membres de déterminer le prix que les navires de pêche paient pour l’accès à leurs ZEE, où auparavant, ces navires payaient ce qu’ils considéraient comme la juste valeur de l’accès. En effet, auparavant, presque tous les accords d’accès aux ZEE des États-membres du PNA n’imposaient aucune limite, ni en termes de captures ni en nombre de jours de pêche, ce que le Vessel Day Scheme (VDS) du PNA a permis de rectifier. L’implémentation des VDS a porté ses fruits : en 2010, la valeur totale d’accès à la pêche représentait autour de 60 millions de dollars américains, en 2018 ces chiffres ont atteint les 500 M $ ! Selon l’auteur, l’établissement du PNA Office et et celui du VDS sont les deux mesures phares qui ont permis aux États insulaires du PNA de récolter les bénéfices économiques de leur plus grande ressource et point commun : l’Océan. Le PNA joue un rôle essentiel dans la vision et la volonté commune de rechercher l’autodétermination et l’autonomie sur les ressources maritimes des îles insulaires du Pacifique. T. Aqorau soutient qu’il est nécessaire de changer la mentalité des îles du Pacifique et de cesser de se justifier par leur taille, leur vulnérabilité ou leur manque de ressources, et de commencer à se considérer comme les gardiens de la plus grande ressource mondiale de thon, dont il est leur devoir, pour la survie et la prospérité de leur population, de protéger. Pour l’auteur, l’autosuffisance économique devrait être placée au cœur de la coopération régionale. Le management de la pêche fondé sur le droit via les VDS, mis en place grâce à l’effort coordonné du PNA, est un instrument qui a permis de garantir l’autonomie et les intérêts des îles insulaires sur l’exploitation de leurs propres ressources, permettant à leurs dirigeants de réduire leur dépendance en aide au développement et de s’engager activement à l’accroissement de leurs ressources. Cependant, le facteur primordial à un élan régional de coopération doit rester centré sur les intérêts et le bien-être de la population des îles insulaires du Pacifique. ♦