À l’issue de la guerre d’Algérie, l’Armée de terre se restructure et se concentre autour de l’organisation 67 des grandes unités, avec un centre de gravité réparti entre le Quart Nord-Est et les Forces françaises en Allemagne. Le principe divisionnaire inclut alors l’échelon de la brigade et s’est vite révélé trop lourd à manœuvrer, amenant aux réformes du général Lagarde.
Histoire militaire – L’organisation 67 des grandes unités
Military History–The Organisation 67 of Major Units
After the Algerian war the Army was restructured and concentrated around a structure of major units (Organisation 67, referring to the 1967 restructuring) whose centre of gravity was divided between the north-eastern quarter of France and French forces in Germany. The divisional principle of the time included the brigade echelon and soon proved too unwieldy to manoeuvre: that led to General Lagarde’s reforms.
L’organisation des Grandes unités (GU) de type « 67 » correspond à une organisation complète du commandement – à savoir 2 corps d’armée (CA), 5 divisions et 15 bri gades pour le corps de bataille (les forces d’intervention correspondant à une autre division et 3 brigades) –, et répond à une double filiation. D’une part, la culture otanienne, encore prégnante, la France n’ayant en effet quitté les structures de commandement intégrées qu’un an auparavant (1966) et, d’autre part, cette nouvelle organisation est le fruit d’une réflexion nationale approfondie, conduite depuis l’été 1962 lors des études Masséna puis Davout, par deux commandants successifs de la 7e Brigade – GU chargée de les conduire –, les généraux Gabriel de Galbert et Georges de Boissieu (1). Ces études ont été initialisées dès l’été 1962, car l’organisation précédente, la Division 59, ne constituait qu’un pis-aller et un compromis boiteux entre le tactiquement souhaitable et le budgétairement possible, dans un contexte général où le poids du boulet algérien interdisait toute liberté d’action budgétaire en matière militaire (2).
Il en est résulté une structure de commandement complète, depuis le corps d’armée jusqu’aux régiments, en passant par les niveaux des divisions et des brigades. Le système devait être parachevé en 1969 (3) par la mise sur pied de la Ire Armée, grand commandement de niveau du théâtre, chargé de la planification interalliée de l’engagement du corps de bataille français, qui constituait la seule réserve de l’Alliance et ce, conformément aux accords Ailleret–Lemnitzer (4), signés dès le retrait effectif de la France du commandement intégré de l’Otan. Le cas échéant, c’est la Ire Armée qui serait chargée de conduire cet engagement des corps d’armée français en Allemagne, sous le contrôle opérationnel de l’AFCENT (Allied Forces Central Europe).
L’héritage otanien est évident : il s’agit toujours de la reconduction nationale du concept américain d’heavy division, qui avait cours aux États-Unis depuis 1942, modèle à partir duquel l’armée française avait été réarmée en 1943. Surtout, ce type de division était conçu pour conduire une bataille en ambiance nucléaire, et c’est même à son niveau que, le cas échéant, devait être mis en œuvre (mais certainement pas décidé !) le feu nucléaire de théâtre. Jusqu’en 1966, les deux divisions françaises stationnées sur le territoire allemand, à la disposition de l’Otan, étaient donc équipées de missiles américains Honest John, à capacité nucléaire. C’est la raison pour laquelle, l’organisation nouvelle comprenant 5 divisons, la maquette d’organisation de l’artillerie prévoyait, quant à elle, 5 régiments Pluton, l’artillerie nucléaire tactique qui serait effective à compter des années 1975. À cette date cependant, la mise en œuvre du feu nucléaire aura été remontée d’un cran, jusqu’au corps d’armée.
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