Olivier Schmitt, universitaire français basé au Danemark vient de publier une contribution qui fera date  ⁽¹⁾. À la fois traité d’histoire militaire, essai de sociologie des institutions militaires et ouvrage de réflexion stratégique, il s’efforce d’analyser les dynamiques qui commandent l’évolution future des forces armées contemporaines dans un contexte où priment désormais de nouvelles formes de conflictualité. À ce titre, il apparaît comme un ouvrage de référence pour tous ceux qui s’interrogent sur l’évolution des armées de demain.

À l’heure de l’Ukraine et des perspectives de futurs conflits de haute intensité auxquels doivent se préparer les forces armées françaises, jusqu’ici plus accoutumées aux opérations extérieures, l’ouvrage vient donc à son heure. L’ensemble des thèmes abordés se veut à la fois ambitieux, appuyé sur une riche documentation historique et des exemples concrets tirés de l’expérience contemporaine, tout en cherchant à conserver une approche universitaire : il s’agit d’aider à fournir un cadre permettant d’analyser les dynamiques de l’adaptation des forces militaires à des contextes politiques et stratégiques changeants en même temps qu’aux nouvelles technologies qui modifient, d’ores et déjà, le visage de la guerre. De la part des institutions militaires ceci implique un effort de conciliation permanente entre, à la fois, le maintien de traditions spécifiques, nécessaires car elles assurent la cohésion et donc l’efficacité des forces, une flexibilité permettant la mise en œuvre et la diffusion au sein des armées de l’innovation et, en même temps, une adaptation constante face aux nouvelles approches de l’adversaire, qu’il faut à la fois interpréter et anticiper.

L’éventail des questions abordées étant très large, l’auteur a préféré en borner le champ. Sur le plan historique, il s’en tient à l’époque contemporaine, à partir de 1871 (mais certains de ces problèmes se posaient déjà à l’époque de Gribeauval ou de Napoléon !). S’agissant des types de conflits considérés, la priorité est nettement accordée à ceux du haut du spectre, même si les guerres insurrectionnelles donnent lieu à des développements très documentés, compte tenu des travaux menés antérieurement par Olivier Schmitt sur l’Afghanistan et le rôle des alliés de l’Otan, mais sans omettre le Vietnam, la Syrie et le Sahel, à propos duquel il consacre un long passage sur les difficultés de l’action civilo-militaire.