Editorial
Éditorial
Avant le 20 janvier, qui aurait pensé qu’un Président des États-Unis aurait publiquement annoncé de vive voix que le Canada aurait tout intérêt à devenir le 51° État de l’Union ? Les déclarations fracassantes de Donald Trump ont, certes, sidéré les Canadiens mais aussi de nombreux alliés des États-Unis. Un vent de colère est monté au Canada accompagné d’un véritable sursaut patriotique face à ces provocations politiques. Le Canada est un État souverain, bien sûr très proche de son voisin du sud, et ce, dans tous les domaines y compris celui de la défense, mais Ottawa tient farouchement à son indépendance et assume pleinement ses responsabilités stratégiques.
De fait, ce dossier codirigé par Benjamin Boutin, Laurent Borzillo et Teodora Morosanu vient à point nommé pour illustrer combien la relation Canada-France, qui plonge dans notre histoire commune, est à la fois fertile et dense. Elle pourrait s’accroître au profit d’un véritable partenariat stratégique, notamment autour de l’Arctique, désormais enjeu des convoitises de puissances aux ambitions clairement affichées comme la Chine, la Russie et désormais les États-Unis. Face à cette compétition polymorphe, le Canada se doit de renforcer sa posture stratégique avec la complexité nouvelle de l’attitude américaine, tout en étant un membre loyal de l’Otan. C’est aussi un appel à renforcer cette coopération avec Paris dans de nombreux champs. Il y a bien sûr le volet militaire qui s’enrichit régulièrement, il y a la préoccupation commune autour des risques causés par le réchauffement climatique dont les impacts sont visibles dans le Grand Nord et dont on ne mesure pas encore clairement toutes les conséquences dramatiques sur notre environnement proche mais aussi plus éloigné. Le Canada, très investi dans ce domaine, est un acteur important dans l’aide humanitaire internationale et des initiatives franco-canadiennes sont souhaitables. Il est un secteur qui, lui, pourrait être très clairement développé, celui des industries de défense. Certes, le Canada est un client quasi exclusif des entreprises d’armement américaines mais de nouveaux programmes, comme celui de l’acquisition de douze sous-marins, pourraient ouvrir de nouvelles voies pour la BITD française.
En ce mois de mars, il faut bien reconnaître qu’il y a une accélération de l’histoire avec la nouvelle Administration Trump qui déstabilise l’ordre mondial et remet en cause les certitudes stratégiques de ces dernières décennies. C’est désormais un désordre international qui bouscule le multilatéralisme actuel et qui met à mal certains principes dont le droit international et la démocratie. À l’heure de la désinformation et de la manipulation des opinions publiques, plus que jamais l’obligation de comprendre les enjeux stratégiques s’impose. La RDN s’y emploie et poursuit son évolution pour mieux informer, à commencer par une nouvelle identité visuelle qui se décline sur la couverture de ce numéro et très prochainement sur un site Internet totalement remanié. ♦