La coopération en Arctique est d’abord régionale et non militaire, ce qui a permis d’avoir des résultats notamment autour des enjeux environnementaux. Les questions militaires deviennent aujourd’hui plus critiques et plus complexes, d’autant plus que la nouvelle Administration Trump remet en cause la relation de confiance avec le Canada.
Coopération et coopération militaire en Arctique : une perspective de géographie politique
Cooperation and Military Cooperation in the Arctic: A Look at Political Geography
Cooperation in the Arctic is primarily regional and non-military: this has produced results, particularly in regard to environmental challenges. Military issues are now becoming more critical and more complex, particularly since the new Trump administration is questioning the relationship of trust with Canada.
Si l’Arctique a longtemps été considérée comme une région isolée sur la scène internationale, l’idée qu’elle soit en fait largement intégrée dans le système international fait désormais consensus (1). D’ailleurs, l’intérêt qu’elle suscite va bien au-delà du seul cadre régional. Le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud mais aussi la France ou le Royaume-Uni – parmi d’autres – se sont dotés de stratégies arctiques et ont obtenu le statut d’observateurs au Conseil de l’Arctique, témoignage d’un intérêt international accru pour la région. Envisager la coopération et la coopération militaire en Arctique demande donc d’envisager les échelles de cette coopération, entre enjeux locaux, régionaux et globaux.
L’Arctique est par ailleurs une région aujourd’hui confrontée à des mutations majeures et protéiformes : la région se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe (2), les structures de coopération ont été ébranlées par la guerre en Ukraine et ses conséquences (3), et il ne fait pas de doute que la réélection de Donald Trump à la présidence américaine aura des répercussions sur la politique régionale – même s’il est difficile à ce jour d’en anticiper l’ampleur. Comment alors l’Arctique s’inscrit-elle dans le système international, et avec quelles retombées sur la coopération et la coopération militaire dans la région ?
Une coopération régionale d’abord non militaire
À la fin de la guerre froide et alors que le Secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev ouvrait la porte à la coopération régionale en appelant à faire de l’Arctique une « zone de paix » (4), la Finlande concrétisait cet appel à la coopération régionale par l’intermédiaire du processus de Rovaniemi, ville de Finlande à 10 km du cercle polaire où eu lieu une rencontre internationale décisive en juin 1991. Le Conseil de l’Arctique, principal instrument de coopération régional aujourd’hui, est l’aboutissement de ce processus, instauré via la signature de la déclaration d’Ottawa en 1996. Or, dans cette déclaration figure une célèbre note de bas de page : « Le Conseil de l’Arctique n’est pas saisi des questions intéressant la sécurité militaire » (5). De fait, la coopération régionale s’est essentiellement structurée autour d’enjeux qui excluent la sécurité traditionnelle. Pour un certain nombre d’observateurs, c’est d’ailleurs précisément ce qui a fait le succès de cette insti-tution (6).
Il reste 84 % de l'article à lire
Plan de l'article