Depuis la disparition de Evgueni Prigojine et des principaux cadres de Wagner, éliminés en août 2023 pour avoir osé défier le Kremlin, la Russie tente, avec plus ou moins de réussite, de mettre en place une structure à même de remplacer tout aussi efficacement la machine à cash et à projection de puissance que l’organisation était en Afrique et au Proche-Orient, au service de la Russie. Cependant, la chute de Bachar el-Assad en Syrie le 8 décembre 2024 ajoute une couche de complexité à cette opération, déjà rendue délicate par l’absorption de la majorité des ressources dans la guerre en Ukraine. Il faut dire que la Syrie, alliée historique de Moscou, est, depuis 2015, une pièce maîtresse dans la tentative du Kremlin de retrouver son statut de puissance internationale indispensable, notamment au Proche-Orient et de là, en direction de l’Afrique du Nord et de la Bande sahélo-saharienne (BSS).

Alors que le futur des relations entre Moscou et les nouveaux dirigeants syriens, à commencer par Ahmed al-Charaa, chef du « commandement général de la Syrie » et chef de l’État syrien de facto, reste à définir précisément, l’arrivée d’un régime plus du tout inféodé à la Russie va nécessairement forcer cette dernière à revoir son dispositif militaire et son réseau d’influence dans la région et au-delà.

La Syrie, clé de voûte de la projection militaire russe en Méditerranée

La présence russe en Syrie se manifeste avant tout par deux bases d’importance cruciale.