En janvier 1945, sous la pression allemande, le général Eisenhower, commandant en chef les Forces alliées, envisageait de se retirer de Strasbourg pourtant à peine libérée. Ce fut l’occasion d’une crise majeure avec le général de Gaulle, crise politique qui fut résolue par l’engagement personnel de Winston Churchill. Cela illustre la problématique des intérêts nationaux au sein d’une coalition.
Histoire militaire - La Libération de l’Alsace (2/2) La crise de Strasbourg, janvier 1945
Cas école de la défense des intérêts nationaux dans le cadre d’une coalition
Military History—The Liberation of Alsace (2/2): The Strasbourg Crisis of January 1945
A classic example of defence of national interests within the framework of a coalition
Under German pressure in January 1945, General Eisenhower, CinC Allied Forces, considered pulling out of Strasbourg even though the town had only just been liberated. This provoked a major crisis with General de Gaulle, a political one that was resolved by the personal involvement of Winston Churchill. It is an illustration of the problems arising from national interests within a coalition.
Il y a quatre-vingts ans, en janvier 1945, la grave crise de Strasbourg entre le chef du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), le général de Gaulle, et le commandant en chef interallié, le général américain Dwight Eisenhower, peu rappelée et un peu tombée dans l’oubli, illustre néanmoins parfaitement ce que peut être une crise de commandement – et comment on la règle – lorsque les intérêts nationaux de la nation hôte sont en jeu.
De quoi s’agit-il ?
Comme chacun sait, Strasbourg avait été libérée le 23 novembre 1944 par l’incroyable raid blindé dans lequel Leclerc avait lancé sa division, la 2e DB, depuis les débouchés des cols du nord des Vosges (1). La capitale alsacienne se trouvait donc dans la zone d’action de la 7e Armée US, commandée par le général Patch. Au Sud, de Lattre contenait la poche de Colmar qui s’était formée début décembre, le pont de Neuf-Brisach sur le Rhin n’ayant pu être atteint par la 1re Armée.
Le 16 décembre, à la surprise générale, la Wehrmacht lance une offensive désespérée dans les Ardennes, en vue, après avoir franchi la Meuse belge, d’exploiter vers Anvers et de couper les flux logistiques alliés de théâtre. L’alerte est chaude mais, dans les premiers jours de janvier, la crise est surmontée, au prix cependant d’un grave étirement du dispositif de la 7e Armée US : engagée en direction de la Sarre, la 3e Armée US de Patton a dû effectuer une conversion générale vers le nord, pour réduire le saillant allemand centré sur Bastogne, où se trouvait assiégée la 101e Division aéroportée du général McAuliffe (2). Ce faisant, Patch avait été contraint d’allonger son dispositif vers l’ouest, en relevant les unités de Patton : il a dû roquer trois corps d’armée depuis leurs positions alsaciennes et lorraines jusqu’au nord du Luxembourg. Son dispositif, en avait été rendu que plus fragile.
Il reste 80 % de l'article à lire
Plan de l'article