Les certitudes géopolitiques et stratégiques auxquelles nous étions habitués depuis des décennies s’effondrent sous les coups de boutoir de la nouvelle Administration Trump, remettant en cause les fondements de la régulation mondiale. Pour les Européens, il est indispensable de se réveiller dans une atmosphère désormais délétère et inflammable.
Sud de l’Europe - L’effondrement des certitudes
Southern Europe—The Collapse of Certainty
The decades of geopolitical and strategic certainties that we have become accustomed to are crumbling under the hammer blows of the new Trump administration. The very foundations of global control are being called into question. It is essential for Europeans to wake up to this now deleterious, inflammable atmosphere.
En prêtant serment le 20 janvier 2025, Donald Trump a donné un avant-goût de la posture des États-Unis pour les quatre prochaines années tant il semble en phase avec les évolutions du monde : imprévisible car marquée par le désir de coups opportunistes, transactionnelle car déconnectée de toute logique d’alliance ou de bloc comme l’illustrent ses mesures de guerre économiques visant ses plus proches partenaires, amorale car se fondant exclusivement sur l’intérêt national américain, et brutal car les inhibitions générées par la guerre froide et le souvenir de la Seconde Guerre mondiale se sont estompées.
La priorité donnée par le nouveau Président américain à la sécurisation – voire l’annexion – de son environnement proche (Groenland, Canada, Panama) fait écho aux stratégies chinoises et russes de consolidation de zones d’influence géographique exclusive autour des pôles de puissance. Ses propos volontairement provocants ont suscité un choc au Canada comme au Danemark, alors que ces deux États se percevaient comme des partenaires privilégiés des États-Unis. Les dirigeants britanniques sont, eux aussi, très inquiets d’un lâchage possible par la nouvelle Administration américaine, expliquant sans doute leur rapprochement soudain sur les sujets de défense avec la France et l’Union européenne (1). L’Europe doit ainsi comprendre qu’elle passe au second plan pour son protecteur historique alors que l’Est du continent reste prioritaire pour le prédateur russe.
Cette réalité affecte la situation en Ukraine. Donald Trump entame des négociations avec Vladimir Poutine, sans impliquer les Ukrainiens ni les Européens, en espérant une décision « à la coréenne » pour Pâques. Deux inconnues subsistent : comment sécuriser la ligne de front à l’avenir alors que l’Otan et les Américains ne s’impliqueront probablement pas ? Vladimir Poutine ne va-t-il pas jouer l’embourbement des négociations en espérant que Donald Trump, happé par ses autres priorités, laissera Moscou en tête à tête avec Kiev et les Européens ?
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