Dans les précédentes livraisons, l'auteur a traité de l'attitude de divers États d'Afrique du Nord face à la guerre du Golfe. Nous poursuivons cette série fort intéressante, dans laquelle nous trouvons des divergences mais aussi des points communs, par le Maroc : les réactions du roi Hassan II en particulier montrent combien cet événement majeur a été dans bien des cas difficilement vécu.
Le Maroc face à la guerre du Koweït
Dès que se produit, au début d’août 1990, la crise du Koweït, le roi Hassan II adopte une position à la fois ferme, et soigneusement nuancée. Le peuple marocain semble tout d’abord ne réserver à ces événements qui se déroulent aux confins orientaux du monde arabe qu’une attention quelque peu limitée. Mais, fin 1990, c’est peut-être au Maroc que se manifestera le plus vivement l’émotion suscitée parmi les masses maghrébines par la tension qui s’accentue entre les gouvernements américain et irakien, et qui fait craindre un recours aux armes, bientôt réalisé en effet. Face à ces manifestations, dont le gouvernement de Rabat approuvera le principe et les motifs, mais dont il souhaitera bientôt limiter quelque peu le nombre sinon l’ampleur, le roi formulera, au sujet de ses réflexions et décisions au début de la crise, des éclaircissements d’un vif intérêt, qui compléteront de façon très utile ses premières déclarations.
Le Maroc figure dans la majorité des États arabes condamnant l’action de l’Irak
Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies et Conseil ministériel de la Ligue des États arabes, c’est-à-dire les deux organismes internationaux qualifiés pour prendre une décision en l’occurrence, se réunissent, l’un à Tunis, l’autre à New York, dès le 2 août. Le jour même, le Conseil de sécurité prononce la condamnation de l’action irakienne, et ce par 14 voix sur 15, le représentant du Yémen, faute d’instructions, n’ayant pas pris part au vote. Quant au Conseil ministériel de la Ligue arabe, il prolonge jusque dans la journée du 3 août ses délibérations, qui aboutissent également à une condamnation, acquise par 14 voix sur 20, l’Irak étant exclu du vote. Cette condamnation est renouvelée le 10 août, lors de la réunion au sommet des États de la Ligue arabe, par 15 voix, dont 3 « avec réserves », sur 21.
À ces deux occasions, le représentant du royaume du Maroc figure parmi les délégués ayant voté avec la majorité, c’est-à-dire en choisissant de condamner l’invasion du Koweït. Et lors du sommet du Caire, le Maroc sera le seul membre de l’Union du Maghreb arabe à se prononcer sans réserve contre l’initiative de l’Irak.
Il reste 93 % de l'article à lire
Plan de l'article