Le rôle militaire actuel des chemins de fer (I)
En dépit de la rapidité inattendue et unanimement appréciée avec laquelle ont progressé la reconstitution et la remise en marche de nos chemins de fer depuis la libération, chacun a encore présent à l’esprit l’état de dévastation du réseau ferré français et l’aspect chaotique de ses principales installations au moment du débarquement allié sur les côtes de France, pendant la bataille sur notre territoire et au lendemain de la progression des armées alliées vers l’Allemagne.
Dans leur marche foudroyante de la Provence au Rhin et an Danube à travers des régions dont les communications ferroviaires étaient ainsi entièrement paralysées, nos divisions de la Ire armée française, équipées à l’américaine, dotées d’engins mécaniques modernes et de puissants moyens de transport automobiles, ont progressé, ont combattu, ont reçu leurs ravitaillements sans garder l’impression que le chemin de fer leur ait été de quelque utilité. En particulier, et en dépit de l’allure extrêmement mouvante de la bataille, point de ces « transports ferrés en cours d’opérations » qui, jusqu’en 1940, constituaient, entre les mains du Commandement, une arme essentielle pour les déplacements d’unités de quelque amplitude en arrière du front.
De sorte que, dans l’opinion publique et aussi dans celle de beaucoup de militaires, se trouve fréquemment exprimée, non seulement la pensée que, étant donné la puissance destructrice de l’aviation moderne et le développement de la motorisation, de la mécanisation, de la capacité de transport aérienne, le chemin de fer, s’il doit encore subsister parmi les moyens de transport militaires, n’aura plus dans l’avenir la place de choix, due à sa puissance et à sa souplesse, que nous lui réservions jusqu’en 1940, mais même parfois la conviction que, désormais, à la guerre, il ne faudra plus compter sur les chemins de fer.
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