Les premiers Russes en Méditerranée (1770-1807) : les corsaires moscovites
Parmi les faits du XVIIIe siècle les plus importants pour l’histoire générale de l’Europe et du Monde, on ne saurait attacher trop de prix à l’éclosion des idées « philosophiques » et révolutionnaires, et, simultanément, au développement de deux grands États modernes : la Prusse et la Russie, ainsi qu’à la naissance d’un troisième : les États-Unis. C’est, dans cet ensemble, que la Russie effectue sa véritable entrée dans la vie internationale. L’épisode, croyons-nous inédit, auquel nous consacrons cette étude souligne la valeur que son Gouvernement attachait, dès cette époque, à sa pénétration en Méditerranée.
Pierre le Grand meurt en 1725, laissant un pays unifié, d’emblée redoutable, muni des données désormais permanentes de sa politique extérieure. Il a réalisé lui-même l’accès à la Baltique, où s’étant conquis la place de l’Empire suédois, il a planté sa nouvelle capitale et fondé sa marine. De 1770 à 1795, Catherine II construit la façade sur l’Europe centrale par le démembrement de la Pologne (1) et débouche sur la Mer Noire par ses victoires sur l’Empire ottoman. Avec elle, enfin, il ne se passe plus rien en Europe sans la Russie.
Or, la Russie présente sur la Mer Noire, c’est, sans transition, la question de son accès à la Méditerranée qui se pose. De fait, l’irruption des Russes en Méditerranée date de cette époque : et ses premières manifestations y revêtirent des proportions jamais revues depuis.
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