L'enjeu principal du projet de défense européenne est de définir et de concrétiser la capacité d'autonomie que l'on veut donner à l'Union en matière de prévention et de gestion des crises. Après un rappel des aspects essentiels, quelques éléments de réflexion relatifs à une stratégie européenne de gestion des crises sont proposés. Les premiers contours de la force européenne de réaction rapide sont tracés : elle regroupe les moyens militaires mis à la disposition de l'Union européenne pour contribuer à la gestion des crises. Il s'agit des forces militaires terrestres aériennes et navales, mais aussi des capacités stratégiques essentielles. Enfin, un bilan de notre action en matière de défense européenne est tiré.
Vers une force européenne de réaction rapide
Je me réjouis de l’occasion qui m’est donnée aujourd’hui de m’exprimer sur le thème des capacités européennes en matière de défense tant le sujet est d’actualité et d’importance, et tant nous lui avons tous consacré de temps et d’énergie au cours des derniers mois. Je m’efforcerai de ne pas trop quitter le champ de mes prérogatives de chef d’état-major des armées, mais les différents aspects de la défense européenne sont tellement liés les uns aux autres que cela me paraît une tâche bien délicate. Je vous propose donc de m’exprimer ici à titre personnel, et suis honoré de pouvoir le faire dans les pages de la revue Défense Nationale.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais insister sur ce que nous devrions, me semble-t-il, ne jamais perdre de vue tout au long de cette aventure de la défense européenne, c’est-à-dire ses enjeux réels. L’enjeu principal est de définir et de concrétiser la capacité d’autonomie que l’on veut donner à l’Union européenne en matière de prévention et de gestion des crises. C’est de faire de l’Europe — puissance économique majeure — un acteur international complet, apte à mettre en action tous ses moyens, dont la force armée, pour surmonter une crise, sur décision de ses responsables politiques. Il s’agit donc de disposer des capacités autonomes permettant de savoir, choisir et conduire, en vue d’agir, sans être dépendant de capacités extérieures, en particulier américaines. Sans écarter le recours à l’Alliance atlantique face à une menace globale contre la sécurité collective, les pays européens veulent et doivent être capables de traiter par eux-mêmes, lorsque c’est nécessaire, les crises hybrides et les facteurs d’instabilité dans leur sphère d’intérêt.
Il faut donc atteindre un certain niveau de capacités militaires, disposer des organes permettant une prise de décision efficace et, enfin, s’insérer dans le réseau d’organisations globales ou régionales existantes afin de coopérer avec elles.
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