La Suède s'attèle à réformer sa défense en profondeur. Basée essentiellement sur la protection de son territoire pendant la Guerre froide, elle s'articule aujourd'hui sur des forces opérationnelles souples, à vocation nationale et internationale, et relevant d'un seul commandement opérationnel et tactique. Le développement de leur interopérabilité avec l'Otan devra cependant être un processus complémentaire et de long terme. Une telle réforme requiert l'adhésion de l'opinion publique et une large participation d'acteurs variés: un débat intense est en cours. Un consensus parlementaire a été atteint sur la politique de défense suédoise.
La défense suédoise
Au cours de la dernière décennie du XXe siècle la situation de sécurité en Europe a été marquée par un profond changement. Il s’agit de la fin de la confrontation entre les deux superpuissances qui s’était caractérisée par une immense course à l’armement et avait conféré à l’Europe centrale l’étiquette de région la plus armée du monde. Il y a de cela seulement quinze ans, au plus fort de la guerre froide, des centaines de milliers de soldats, des dizaines de milliers de chars et des milliers d’avions de combat se tenaient face à face, prêts à combattre dans un délai qui se comptait, sinon en minutes, à peine en quelques heures. C’était alors le règne des puissances politiques. On appela ce jeu : « la sécurité par la dissuasion ».
Dans cet environnement géostratégique, la Suède évalua la menace qui pesait sur sa sécurité. N’étant pas alignés avec les autres pays de l’Otan, il nous fallait compter sur nos propres ressources afin de garantir notre sécurité. Nous structurâmes nos forces armées en conséquence. Leur tâche globale consistait bien sûr à défendre la Suède contre une invasion par l’Union soviétique. Il en résulta une armée importante, axée sur la défense du territoire ; une marine, forte de nombreux sous-marins pour prévenir toute invasion par la mer ; une très grande armée de l’air moderne et compétente — il fut un temps où cette dernière occupait, par sa taille, le quatrième rang mondial — ; tout ceci soutenu par un grand complexe militaro-industriel moderne.
Aujourd’hui, la situation de sécurité à laquelle nous sommes confrontés est fort différente. La menace d’une invasion de la Suède a disparu avec l’effondrement de l’Union soviétique. Cependant, sur la voie d’une sécurité et d’une démocratie accrues, il nous a fallu faire face à de nouveaux défis. Pour renforcer sa sécurité, la Suède regarde aujourd’hui bien au-delà de ses frontières. Nous nous impliquons dans la construction de forces armées placées sous contrôle démocratique chez nos voisins : les nouveaux États baltes. Nous contribuons à l’établissement du contrôle de leurs frontières et à la construction d’autres pans de leur société.
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