L'équipée biélorussienne
Annie Jolif, épouse du premier ambassadeur de France en Biélorussie, dans son ouvrage, retrace les premières années d’indépendance de la Biélorussie (1992-1997), vécue sous l’angle de l’installation ex nihilo de l’ambassade de France à Minsk. Le texte est enrichi de notes de fond.
L’originalité de ce livre tient au fait qu’il s’agit d’une « vision de l’intérieur », permettant une appréciation différente de la vie biélorusse, plus vivante que celles connues jusqu’à présent. La particularité biélorusse y est très justement décrite, même si la population s’étonne de l’indépendance nationale sans y croire vraiment, comme en témoigne cette remarque « Minsk n’est pas une vraie capitale, vous savez, juste une ville de province ». Cependant, les Biélorusses ont un fort désir d’ouverture, tout en reconnaissant que leur pays n’a guère de marge de manœuvre face à la Russie, ni même de volonté générale d’indépendance. Le président A. Loukachenko affirme souvent que « ce pays est un État paisible au cœur de l’Europe qui veut vivre en paix avec tous ses voisins, malgré ses relations privilégiées avec la Russie ; il est ouvert à toutes les propositions, qu’elles viennent de l’Ouest comme de l’Est, avec pour seul critère l’intérêt de son peuple ». En ce sens, il préconise une troisième voie, baptisée « modèle biélorusse ». Les discours officiels, prononcés en biélorusse, sont à connotation nationaliste, alors que le Président ne parle pas réellement le biélorusse. Si la chaîne locale de télévision diffuse des émissions essentiellement en biélorusse, les informations restent très provinciales et dans le plus pur style soviétique. La mise en place du « système Loukachenko » s’articule sous les yeux du lecteur : un régime autoritaire orienté sur un retour dans le giron de la Russie et sur un refus de toute aide occidentale. ♦