La complexité croissante de notre monde, l'augmentation du niveau d'éducation de nos populations, le développement de la culture démocratique sont autant d'éléments qui remettent en question nos systèmes d'organisation et de gestion politiques. Les pays européens ont développé des modes de gouvernance nationale assez différents, tant dans les relations sociales, dans l'organisation territoriale que dans l'exercice du pouvoir normatif. L'Union européenne a développé pragmatiquement un système original de gouvernance à l'échelle du continent, faisant émerger un « modèle européen » de démocratie moderne. Mais ce système doit encore être rationalisé.
Nombreux sont ceux qui souhaitent que l'Union européenne puisse relever les défis que lui pose cette ambition retrouvée d'exercer sur la scène internationale les responsabilités qui incombent à un acteur régional en plein exercice. Ils attendent une impulsion politique forte et décisive se traduisant par des mesures concrètes, qui ne saurait produire tous ses effets si elle n'était précédée d'un nouvel approfondissement de l'intégration politique de l'Union. L'auteur examine dans cet article l'étendue réelle des pouvoirs qui sont actuellement conférés aux institutions et organes appelés à intervenir formellement dans le cadre des architectures qui gouvernent la mise en œuvre opérationnelle de la Pesc et de la PESD. Il propose une mise en perspective des évolutions attendues ainsi que des initiatives et orientations qui pourraient émerger du processus de réforme institutionnelle qui sera engagé à l'issue du Conseil européen de Laeken, les 14 et 15 décembre 2001.
En l'absence de concept de défense, l'Europe construit une force d'intervention destinée à maintenir l'ordre plutôt que la paix. Inconsciente de la proximité des dangers, l'Europe ne peut alors établir une politique de défense, par manque de volonté politique. L'analyse des budgets de défense des Quinze comparés à celui des États-Unis confirme qu'il faudrait au moins doubler l'effort de chacun pour pouvoir se comparer aux Américains, qui peuvent ainsi maintenir leur position dominante.
Malgré les fréquentes déclarations enthousiastes sur les progrès de l'Europe de la défense, alors que l'Europe politique est en panne, force est de constater, selon l'auteur que la défense européenne n'avance pas. L'Union européenne ne peut se contenter de sa puissance économique et doit en faire le socle d'une véritable puissance politique et donc militaire.
Cet article a été rédigé avant le 11 septembre. Cependant, les attentats anti-américains et la riposte des États-Unis illustrent a posteriori la pertinence de l'analyse qu'il développe. S'il est un sujet occulté depuis ces événements tragiques, c'est bien celui de l'Europe de la défense. Celle-ci s'est évaporée. On ne parle plus que de contributions nationales : la solidarité sans faille des Britanniques... à l'égard des Américains, les deux navires proposés par la France, et une Allemagne aimablement priée de se préparer à projeter 3 900 hommes. La guerre qui se déroule en Afghanistan depuis le 7 octobre met cruellement en lumière les insuffisances militaires de l'Europe, que l'application de l'article 5 du traité de Washington affole. Lorsque les canons se seront tus et que tout danger sera écarté, les dirigeants politiques s'enhardiront à nouveau et l'emphase verbale reprendra toute sa place. Ne serait-il pas plus sage que l'Europe renonce à s'appuyer sur un « 2e pilier » ? Mais revenons d'abord à Nice...
Au moment où paraîtra cet article, la Nouvelle-Zélande ne possédera plus d'avions de combat. Si les pays de l'Union européenne n'en sont pas encore là, on peut néanmoins se demander si les décisions prises ne se situent pas dans la même logique : l'absence d'une puissance aérienne européenne digne de ce nom. En effet, comme l'ont déjà démontré des articles précédemment parus dans la revue, les missions assignées à la future défense européenne n'accordent, de fait, qu'un rôle secondaire, aux forces aériennes de combat, terrestres ou embarquées. Ces choix politiques sont d'ailleurs cohérents avec les arbitrages budgétaires rendus dans les différents pays de l'UE, le déclin général des budgets de défense excluant l'espoir de voir un jour l'UE disposer des moyens nécessaires à une puissance aérienne autonome. Ce faisant, et quoi qu'on puisse penser de l'utilisation de cette puissance par les armées américaines, l'Union européenne, comme l'a montré « l'après 11 septembre », s'est ainsi condamnée, bon gré mal gré et pour longtemps, à une non-existence militaire sur la scène mondiale.
Après une présentation des principes généraux et des institutions politiques énoncés dans la constitution de l'Irak, on a examiné la répartition des compétences entre les différents pouvoirs. Ensuite, une analyse critique de cette constitution a permis de l'apprécier au regard des droits de l'homme, de l'État de droit et de la pratique politique.
L'Afghanistan est un espace enclavé qui a, pourtant, été un verrou stratégique convoité par ses voisins. La variété des ethnies, que l'on regroupe entre Pachtouns (environ 40 % de la population) et non-Pachtouns a rendu toujours délicat l'exercice du pouvoir à Kaboul. Les luttes fratricides entre moudjahidin après le départ des troupes soviétiques facilitèrent l'arrivée des taliban, soutenus par le Pakistan. Ceux-ci aggravèrent la division et la fragmentation du pays sur des bases religieuses et tribales et enfoncèrent le pays dans une économie de contrebande. Avec l'installation de bases du groupe Al-Quaïda, le régime des taliban a pu bénéficier du soutien armé de Ben Laden : isolé, ce régime s'est radicalisé puis s'est trouvé en confrontation directe avec les États-Unis et une large partie de la communauté internationale. L'Onu et l'Union européenne réfléchissent déjà à l'avenir de ce pays, après le départ des taliban. Il faudra recomposer la délicate texture ethnique, trouver des formules acceptables pour les Afghans et reconstruire ce pays abîmé par vingt années de guerre et de troubles. Lire les premières lignes
Les divergences de culture entre armées alliées sont la source de véritables incompréhensions au sein des coalitions ; or, la culture stratégique des États-Unis présente de fortes particularités par rapport aux cultures européennes. Fruit de l'histoire et de la géographie, produit de l'expérience et de ses interprétations, la conception américaine de l'utilisation des forces armées et du recours à la guerre correspond de plus en plus à celles qui gouvernent l'emploi des forces de police. Le modèle, façonné par l'odyssée américaine, se confirme à nouveau aujourd'hui dans sa nécessité et ses faiblesses.
L'émotion provoquée par l'attaque aérienne lancée le 11 septembre 2001 suscite une triple interrogation. D'ordre géostratégique tout d'abord : comment riposter à des actes de barbarie menés par un groupe d'individus agissant de toute évidence en marge de la communauté internationale ? En matière aéronautique ensuite : par quels moyens contrer une agression menée à partir d'aéronefs civils détournés pour être précipités avec la puissance que confère l'avion à réaction contre des personnes et des biens et provoquer des milliers de victimes innocentes et d'incommensurables dégâts matériels ? De nature juridique enfin − de quels moyens les États disposent-ils pour se prémunir de tels actes ? Les réponses à ces questions sont évidemment complexes ; mais déjà un constat s'impose : en moins d'un demi-siècle le terrorisme aérien est devenu une forme de lutte armée. Au niveau de la communauté internationale et à l'intérieur des États, les moyens pour lutter contre la piraterie aérienne ne manquent pas. Au début du XXIe siècle, comment contrer le terrorisme aérien ?
Les attentats terroristes de septembre 2001 aux États-Unis ont conduit la première puissance militaire et économique du monde à quasiment conférer un statut d'égal à un petit groupe d'hommes cachés quelque part dans un pays médiéval du Tiers-Monde. Cette notion d'égalité est évidemment absurde : le terrorisme n'est pas fort par lui-même, mais il bénéficie à la fois de l'évolution technique générale et de nos propres faiblesses pour diverses raisons : Lire la suite
Le 11 septembre 2001 marque la date d'une déchirure dans notre manière de voir le monde qui nous entoure. L'attentat s'apparente à un véritable bombardement, dénotant une stratégie ambitieuse, économe de moyens mais efficace, qui n'a peut-être pas dit son dernier mot. Elle retourne à son profit les facilités de la modernité. La fragilité de la société civile devient une donnée essentielle de la défense. Les États-Unis se livreront-ils à une révision de leur politique au Proche-Orient ? Elle ne saurait être que limitée. Le déplacement plus à l'est du centre de gravité de l'islamisme est lourd d'incertitudes. Gardons-nous des politiques à courte vue dont les islamistes tirent profit.
Les attentats de New York ont fait ressurgir dans les discours des dirigeants américains des appels à la guerre totale, inquiétants parce que d'un autre âge et miroir du délire des fondamentalistes islamiques. La guerre sainte est proclamée des confins de l'Indus aux rives du Potomac. Graves errements, dont s'inquiètent à juste titre les Européens, opinions et gouvernements confondus. La perspective d'un nouveau cycle de guerres, que les Américains semblent tout à la fois craindre et appeler de leurs vux, est rejetée par tous ceux qui cherchent au contraire à en sortir. Et l'on découvre que s'affrontent, de part et d'autre de l'Atlantique, deux visions radicalement différentes du droit, donc du monde. Et si le choc des civilisations tant redouté s'avérait ne pas être, au terme de ce qui apparaît encore malgré tous les discours millénaristes comme une guerre du XXe siècle, celui que l'on croit ? Lire les premières lignes
La commercialisation des images spatiales à haute résolution (1 m), autorisée par la directive présidentielle n? 23, signée en 1994 par le président Clinton, pose la question des conséquences d'une telle diffusion sur la sécurité internationale. La meilleure résolution spatiale des images élargit l'éventail de leur utilisation à des fins d'applications civiles en même temps qu'elle crée les conditions d'un marché encourageant. Cependant, les images spatiales commerciales à haute résolution demeurent soumises à un contrôle étatique de diffusion très strict. Un certain nombre d'États affichent la volonté d'acquérir les images de façon autonome. La voie commerciale apparaît dès lors principalement comme une source complémentaire aux dispositifs dont ces États veulent se doter. Toutefois, l'acquisition de ces images pour des structures internationales, concourt à une plus grande transparence sur leur utilisation, notamment sur la mise à jour des préparatifs d'États potentiellement agresseurs. En définitive, cette commercialisation semble présenter plus d'avantages que d'effets néfastes.
Chroniques
Bibliographie
Fidèle à ses engagements, l’Institut français des relations internationales (Ifri) nous présente dès la rentrée son Ramses, c’est-à-dire son « Rapport mondial sur le système économique et les stratégies », qui analyse, à l’intention d’un public éclairé, « Les grandes tendances du monde », telles qu’elles lui sont apparues au cours de l’année précédente. Et si ce rapport, puisqu’il a été clos en juillet dernier, n’a pas, bien évidemment, pris en considération les conséquences de l’agression majeure dont les États-Unis viennent d’être la cible au moment où nous écrivons ces lignes, il n’en reste pas moins que les repères qu’il met à notre disposition conservent toute leur valeur, émanant, comme on le sait, d’une équipe pluridisciplinaire de très haut niveau, et, qui plus est, en contact permanent avec ses homologues à travers le monde, Lire la suite
Au moment même où le Premier ministre de l’Inde et le général « chef du Pakistan islamique » ont, à Accra, des conversations qui, d’après le communiqué, sont « franches et constructives », paraît cet ouvrage qui traite de l’Asie nucléaire, c’est-à-dire, pour l’essentiel, de la nouvelle donne qu’a introduit sur ce continent l’officialisation de l’accès à l’arme nucléaire de ces deux puissances, fondamentalement rivales. Et, pour notre chance, l’analyse de la situation géostratégique qui en résulte a été conduite par deux auteurs à l’expérience peu commune, puisque Bruno Tertrais et Isabelle Cordonnier, tous deux docteurs en science politique, ont appartenu respectivement, comme chercheurs, à la célèbre Rand Corporation américaine et au Japan Institute for International Affairs de Tokyo. Lire la suite
On sait qu’une thèse de doctorat comme celle-ci doit se plier à un certain rituel : sérieux du travail attesté par un développement imposant, souci de justification entraînant une masse de références en bas de page, pointe de corporatisme déférent sous forme de citations d’éminents confrères et devanciers… soit 1 050 grammes (nous avons pesé), 50 pages d’introduction et 150 d’annexes. Il s’agit cette fois des enseignements tirés des vingt-sept années de Guerre du Péloponnèse. Jean Drocourt s’est assigné la tâche méritoire d’opérer la transformation de l’ouvrage de Thucydide, certes plus orienté vers la recherche de lois « aussi scientifiques que possible » que vers le récit des combats mais qui applique néanmoins un « procédé rigoureux de chronologie » en un manuel de stratégie puisant sa substance parmi les différentes phases décrites par l’historien grec ; d’où, on l’imagine aisément, la difficile élaboration d’un plan synthétique, une progression plutôt processionnelle et des redites, pas forcément condamnables d’ailleurs, puisque « Thucydide lui-même, en pédagogue, se répète souvent ». Lire la suite
Annie Jolif, épouse du premier ambassadeur de France en Biélorussie, dans son ouvrage, retrace les premières années d’indépendance de la Biélorussie (1992-1997), vécue sous l’angle de l’installation ex nihilo de l’ambassade de France à Minsk. Le texte est enrichi de notes de fond. Lire la suite
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