Les attentats terroristes de septembre 2001 aux États-Unis ont conduit la première puissance militaire et économique du monde à quasiment conférer un statut d'égal à un petit groupe d'hommes cachés quelque part dans un pays médiéval du Tiers-Monde. Cette notion d'égalité est évidemment absurde : le terrorisme n'est pas fort par lui-même, mais il bénéficie à la fois de l'évolution technique générale et de nos propres faiblesses pour diverses raisons :
– contrairement à une opinion répandue, l'évolution des armements n'a pas aboli l'importance de l'homme : au contraire, dans certains types d'action, la technologie a conféré à un homme seul un pouvoir offensif de plus en plus grand.
– outre les armements, l'évolution technique du monde a engendré d'innombrables objets dangereux, normalement destinés à un usage civil, mais qu'il est facile de dévoyer pour exploiter leur capacité à tuer ou détruire ; or, face à cette évolution, l'homme est toujours resté une « cible molle », selon l'expression des balisticiens, donc de plus en plus vulnérable physiquement.
– à cette vulnérabilité physique, les grandes démocraties ont ajouté une vulnérabilité organisationnelle en fondant leur efficacité sur des systèmes très intégrés, une vulnérabilité intellectuelle en comptant excessivement sur l'électronique plutôt que sur les hommes pour assurer leur défense, et une vulnérabilité morale − qui fait précisément leur grandeur − en s'imposant de respecter à tout prix les innocents face à des terroristes qui, eux, « tirent dans le tas ».