La polarisation dramatique entre le monde islamique et les États-Unis au lendemain de l'attaque du 11 septembre constitue désormais un axe de la scène internationale. La thèse des États-Unis qui réduit l'attaque au seul phénomène du terrorisme et qui fait croire que l'Amérique est visée pour sa liberté, sa démocratie et sa civilisation n'est pas satisfaisante. Les rapports des États-Unis avec le monde islamique sont minés par une crise interne de la classe politique américaine centrée sur la question palestinienne et qui la met en contradiction avec sa propre culture et avec le consensus mondial.
Le monde islamique et les États-Unis (Permanence des nations - Faiblesse des empires)
L’attaque lancée contre les États-Unis le 11 septembre 2001 leur pose un problème certes, mais aussi au reste du monde. La principale question est de comprendre le phénomène. Il ne suffit pas d’identifier des instigateurs pour en finir avec l’interrogation.
La thèse avancée par les autorités américaines comporte une part de flottement et de calcul. Le premier élément, le lien établi avec l’extrémisme islamiste, était tranché a posteriori par les auteurs mêmes. Les éléments de preuve communiqués à quelques alliés de l’Otan et au Pakistan, lui aussi allié de fait dans les représailles décidées par les États-Unis, ne sont pas connus des gouvernements islamiques ni du Conseil de sécurité qui a endossé la légitimité de principe de la riposte, mais n’a pas désigné l’Afghanistan comme État belligérant.
Autre élément, le terrorisme ; deux approches permettent de l’aborder d’une manière rigoureuse. D’abord, désigner le terrorisme comme ennemi ne peut pas être la réponse de fond dans la mesure où, tout en étant destructeur, il n’est qu’un symptôme. Le terrorisme est révélateur d’un dysfonctionnement, c’est le signal violent d’un mal qui sévit en amont et dont les manifestations, d’abord moins violentes, ont été sous-estimées, dénaturées ou niées au point de déterminer, précisément, le recours au terrorisme. Dans cette logique, l’acte n’est jamais isolé, il n’est pas le premier et ne sera pas le dernier tant que la cause profonde qui l’avait induit n’est pas reconnue et traitée de manière adaptée et responsable. On ne supprime pas le terrorisme, de même qu’on ne supprime pas la fièvre. La réponse logique est de guérir la cause profonde. Quand elle est efficace, la guérison se traduit par la retombée de la fièvre, cette fièvre qui dérivait du mal mais qui n’était pas la substance du mal.
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