Les armées ont réussi leur professionnalisation. Vu de l'intérieur, ce constat satisfaisant masque une crise profonde, révélée récemment à l'opinion publique par les manifestations des gendarmes. La Gendarmerie n'a que très peu de missions d'ordre militaire (moins de 3 % de ses activités), mais ses difficultés s'apparentent souvent étroitement à celles des trois armées. L'évolution de la société française constitue une première cause de la crise, qui met en jeu l'adaptation du modèle militaire traditionnel et de son fondement : la disponibilité. La mesure imparfaite de l'état réel des armées nourrit également la crise. Les faits sont difficiles à dégager, des orientations et des directives exactes difficiles à ordonner. La crise est aussi psychologique. Les armées sont à la recherche d'un soutien plus manifeste des pouvoirs publics et de l'opinion. Les graves difficultés que traverse actuellement l'État en France trouvent une grande résonance dans les armées. La crise des armées est profonde, mais ses caractéristiques principales, qui sont morales et psychologiques, laissent espérer un redressement durable.