Le Japon occupe une place majeure sur l'échiquier géostratégique de la zone Asie-Pacifique marquée par la suprématie américaine. C'est aussi un géant économique qui traverse une phase délicate de mutations après l'onde de choc de la crise asiatique. Malgré cette secousse, le pays du Soleil-Levant dispose encore de nombreux atouts, en particulier ceux inhérents au dynamisme de sa société. Toutefois, l'archipel est rempli de contradictions dans les domaines politique et social, militaire et stratégique. Ce sont ces ambivalences qui caractérisent la « différence nippone ».
Le Japon dans une culture d'ambivalence
Le particularisme du Japon tient essentiellement dans le caractère de sa civilisation orientale qui implique une logique de pensée diamétralement opposée à celle des Occidentaux. Après le tumulte de la crise économique, de nombreux commentateurs se sont livrés à des études sur les limites du fameux « modèle japonais », qui avait tant séduit le monde dans les années 70 et 80. Ces analyses doivent être relativisées, car la plupart ne prennent pas suffisamment en compte les différents aspects de « l’exception nippone ». Or, cette singularité est fondée sur une culture de l’ambivalence. C’est en effet l’ambiguïté qui caractérise l’évolution de cet archipel bouillonnant au cours des dernières années.
La différence nippone
Le développement actuel du processus de transformations qui affecte le Japon a des implications politiques et stratégiques en raison du poids économique de l’archipel et de ses relations particulières avec les États-Unis. Pour bien comprendre les tréfonds de cette évolution, il importe de connaître certains paramètres de la culture nippone. Ces données sont basées sur des valeurs éthiques et une logique qui puisent leurs racines dans une forme orientale de spiritualisme.
Les systèmes de valeurs
La société nippone repose sur des valeurs éthiques qui restent solidement ancrées dans les mentalités. Les principes auxquels se réfère la population touchent surtout à la religion, mais dans une vision totalement différente de celle de l’Occident. Elle s’apparente beaucoup plus à une ligne de conduite et à un repère indispensable dans la réflexion. Les Japonais pratiquent aussi bien le shintoïsme, propre à l’archipel, que le bouddhisme, influent sur tout le continent asiatique. Ces deux grands courants spirituels font partie du mode de vie des Japonais, au même titre que d’autres confessions pratiquées par la population. Il existe des milliers de « religions » dans l’archipel ; on dit même qu’il y a deux fois plus de croyants que d’habitants au pays du Soleil-Levant, car chaque individu s’adonne fréquemment à plusieurs rites confessionnels. Ces « religions » constituent un phénomène typiquement japonais. Elles se présentent comme de véritables entreprises gérant toutes sortes d’activités (éducation, santé, parcs d’attractions, équipes sportives comme l’équipe de base-ball PL-Kyodan, communautés urbaines, etc.) et bénéficient de moyens financiers considérables grâce aux dons généreux des fidèles et des mécènes. Par le truchement de leurs missions culturelles et sociales, elles prétendent servir de lien entre le champ spirituel, très intense dans le pays, et le quotidien.
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