La défense souterraine dans les villes françaises du Moyen-Âge
La défense passive contre les bombardements aériens a récemment mis à l’ordre du jour l’étude des abris souterrains dans les villes. Il s’en faut cependant que la question soit nouvelle. Sans parler de l’utilisation des grottes naturelles pour en faire des souterrains-refuges depuis les plus lointaines origines de l’Humanité, le Moyen Âge a déjà méthodiquement aménagé de toutes pièces, dans le sous-sol des constructions urbaines, des salles de dimensions diverses où les personnes et les biens pouvaient trouver une protection efficace contre les risques que leur faisaient alors si fréquemment courir les guerres et les émeutes ; et c’est pourquoi il s’est conservé jusqu’à nos jours dans la plupart de nos vieilles cités de France un certain nombre de souterrains voûtés sur lesquels on n’a pas assez attiré l’attention jusqu’ici.
Un recensement méthodique des monuments de cette sorte encore existants apporterait cependant sur l’histoire de maintes de ces villes bien des clartés nouvelles, et l’on ne saurait trop insister sur l’intérêt toujours actuel que peuvent présenter aujourd’hui des recherches archéologiques à ce sujet.
Il ne faut pas confondre ces édifices avec les diverses sortes de monuments religieux construits en sous-sol. On sait comment les premiers Chrétiens avaient, au temps des persécutions, célébré leur culte et enseveli leurs morts dans des catacombes, puis comment, surtout jusque pendant l’époque de l’architecture romane, l’usage subsista de construire sous les églises des cryptes plus ou moins importantes ayant en général une destination funéraire. À partir précisément du temps où l’on cessa de plus en plus d’édifier en sous-sol des cryptes et des chapelles souterraines de cette sorte, c’est dans les constructions civiles aussi bien que militaires que l’on prit l’habitude d’aménager d’abord des salles basses voûtées constituant de véritables abris à l’épreuve de l’incendie et des attaques à main armée.
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