Réflexions sur la défensive
Que fera votre armée si elle se concentre à Aix ? Elle est perdue. C’est un axiome dans l’art militaire que celui qui reste dans ses retranchements est battu : l’expérience et la théorie sont d’accord sur ce point.
Napoléon Bonaparte : Le souper de Beaucaire.
À deux reprises au moins, en parcourant l’histoire militaire française, on constate la faveur toute particulière accordée à une doctrine purement défensive. En 1870, c’est la recherche de la « Belle Position » sur laquelle on attendra l’ennemi. En 1940, c’est la ligne Maginot, c’est la poussée en Belgique, certes, mais pour s’y installer sur la défensive, soit sur l’Escaut, soit sur la Dyle. C’est aussi la hantise du combat de rencontre : avant tout, il faut toujours former un front, et ensuite seulement, on attaque, mais avec quel esprit de prudence, en commençant par un engagement réduit au minimum, et en menant ensuite des attaques méthodiques, dans un style fixé a priori et sans fantaisie.
Or, on est bien obligé de constater que ces périodes d’esprit défensif se sont terminées sur deux désastres retentissants. En 1870, les « Belles Positions », c’est Wœrth, Forbach, Saint-Privat. En 1940, c’est la Meuse, Gembloux, la ligne Somme-Aisne. Si Moltke a pu écrire que : « l’histoire des places fortes se confond avec celle des capitulations », on peut, semble-t-il dire que celle des positions défensives se confond avec celle des défaites. Et, effectivement, après ces expériences malheureuses, on se hâte de conclure à la condamnation absolue de la défensive : elle ne conduit jamais à la décision, elle est génératrice de défaites, elle est donc à rejeter dans tous les cas. D’ailleurs, il y a d’autres exemples qu’en France. Mack, en 1805, n’a-t-il pas, lui aussi cherché la « Belle Position » pour aboutir comme toujours, à une capitulation ? Et Kouropatkine, cent ans plus tard, n’a-t-il pas été le type du général défensif, et battu ?
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