Partout dans le monde, la pensée militaire fait la part belle aux principes de la guerre formalisés par l'enseignement du maréchal Foch et de Clausewitz ; mais les crises se sont durablement installées dans le paysage géostratégique. Elles supplantent désormais les guerres clausewitziennes qui ont été la marque du XXe siècle. Leur résolution suppose d'imaginer, de développer, de promouvoir et d'implanter une solution politique durable, cadre dans lequel l'emploi de la force armée n'est plus qu'un outil parmi d'autres.
Des principes de la guerre aux principes de la crise
Après avoir fait aux principes la révérence qui convient, il faut laisser
aux hommes tirer de leur propre fond la conduite dans chaque cas particulier.
Le fil de l’épée. Charles de Gaulle
Pour le chef militaire, si la pérennité des principes de la guerre ne semble pas mise en cause par la nature nouvelle de ces engagements, il paraît toutefois nécessaire qu’il redécouvre l’initiative permanente et prenne en compte un principe novateur, le maintien du dialogue. Partout dans le monde, la pensée militaire et l’enseignement dispensé dans les écoles de guerre font la part belle à l’étude des « principes de la guerre ». Cette notion, apparue au début du XVIe siècle, recouvre les invariants de l’action militaire qu’il conviendrait de combiner, selon des arrangements adaptés aux circonstances, à l’adversaire, au terrain et au type de conflit, afin de garantir le succès ou, pour le moins, d’éviter l’échec.
Depuis que la fin de la guerre froide a permis la prolifération d’affrontements asymétriques qui mettent en présence des acteurs nouveaux — entités ethniques et populations, groupes armés infra-étatiques, gangs et mafias — quelques experts se sont penchés sur la pérennité de ces principes dans le concept actuel de gestion globale des crises. En dépit de l’existence de plusieurs écoles de pensée relatives aux principes de la guerre, ceux formulés par le futur maréchal Foch, alors qu’il était professeur à l’école de guerre, figurent dans tous les enseignements de défense des grandes nations. Universels, ils ne semblent pas remis en cause par les caractéristiques nouvelles des crises et des conflits, même si la recherche d’une solution plus globale ne passe plus par le seul usage de moyens militaires. Ils sont plutôt susceptibles de faire l’objet d’une interprétation légèrement différente, ce qui justifie qu’ils soient explicités et complétés.
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