Toulon port royal, 1481-1789
Cette monographie décrit l’intégration progressive de Toulon au royaume de France et sa transformation en port de guerre. La ville, comme la Provence, a été rattachée à la France en 1481. Sans attendre, Charles VIII l’utilise dans ses projets contre Naples. Une bourgeoisie se met peu à peu en place. Sa fidélité au roi vaudra à Toulon de rester dans le camp royal pendant les guerres de religions et sous la Fronde. C’est sur elle encore que la monarchie comptera aussi pour mettre, occasionnellement, la ville en état de défense contre les Impériaux et les Barbaresques.
Sous Henri IV, la vocation militaire du port s’affirme : les escadres toulonnaises sont chargées d’empêcher la jonction des deux ailes, espagnole et italienne, de l’Empire. Sa double vocation navale (construction et réparation) commence à s’affirmer, mais les chefs de cette marine du Levant sont rarement toulonnais. Colbert imprime définitivement à la ville la marque de port de guerre. La guerre de la ligue d’Augsbourg (1690-1700) a vu lancer le plus grand nombre de bateaux.
La ville est une pièce importante de l’échiquier national, avec Brest et Rochefort, mais aussi international : la main-d’œuvre des chantiers navals est très mobile entre Trieste et les Baléares tandis que la formation militaire des commandants d’escadre est assurée par l’ordre de Malte. Les élites locales poursuivent leur ascension et deviennent aristocratiques au milieu du XVIIIe siècle mais elles ne seront jamais en nombre suffisant pour satisfaire les besoins de la marine méditerranéenne. L’auteur attribue ainsi au caractère massif de l’afflux de personnel l’hostilité de la population locale à la marine en 1789.
Ce livre où se mêle perspective historique séculaire, aménagement du territoire et sociologie est passionnant. On doit cependant lui reprocher des imperfections : un plan sans échelle ni orientation, des fautes d’orthographe, des phrases sans verbe, un vocabulaire mal maîtrisé comme « overdose d’obéissance », « les grâces du roi engraissent les plus riches », « les élites toulonnaises sont quelque part superposées », des noms propres changeants : Cuers–Cogolin/de Cuers de Cogolin, Djidjelli/Gigery. Le comble est atteint à la fin du livre où le lecteur devra choisir entre deux points de vue : « les officiers les plus brillants se précipitent à Paris » et « le fossé est immense entre Toulon et Versailles » (p. 205-206) contre « Toulon constitue un pôle en relation étroite avec la cour » et « les courtisans sont souvent à Toulon » (p. 208). C’est dommage. ♦