Armée de terre - La cellule d'études et prospective de l'état-major de l'Armée de terre
« Faire de la prospective, ce n’est pas prédire l’avenir, mais imaginer des futurs possibles, soit pour s’y préparer, soit pour tenter de les influencer ». C’est dans cet esprit, que le plan prospectif à 30 ans, qui guide les actions de préparation du futur au sein du ministère de la Défense a été rédigé. Car, comme toute grande organisation, la Défense a besoin d’une vision stratégique de son avenir.
C’est ce principe qui a présidé à la création de la cellule d’études et de prospective (CEP) au sein de l’état-major de l’armée de terre réorganisé en 1998.
En effet, alors que les bureaux sont regroupés au sein de divisions selon une logique dite de « métiers », le besoin d’organiser et d’animer de façon collective la réflexion stratégique est désormais primordial. Dans le même temps, le major général de l’armée de terre, qui préside le comité de direction regroupant les généraux de l’EMAT, doit pouvoir s’appuyer sur une équipe « d’experts » (actuellement au nombre de 6 officiers) susceptible de l’assister dans le suivi et l’exploitation des travaux majeurs de l’état-major.
Missions de la CEP
La CEP est chargée de l’élaboration de la prospective générale et stratégique intéressant l’armée de terre ainsi que de l’organisation et de la coordination des travaux des bureaux de l’EMAT en matière de préparation de l’avenir. Elle travaille en synergie avec des organismes de la Défense (DAS, DRM…) et des organismes de réflexion ou de recherches (Futuribles, FRS, Iris…) dans son champ d’application (1).
C’est ainsi que la CEP a pour mission, par exemple, de définir l’évolution de l’environnement géostratégique, les scénarios et champs de crise susceptibles d’avoir des conséquences sur le format de l’armée de terre. Depuis deux ans, elle aide l’état-major de l’armée de terre à se recentrer sur sa vocation de conception, tout en facilitant son adaptation permanente à des méthodes propres de préparation de l’avenir et d’aide à la décision.
Le projet « préparation de l’avenir »
Afin de synthétiser les réflexions des bureaux en matière de préparation de l’avenir autour d’un projet, la CEP met en place actuellement un processus complet (que nous présenterons dans une prochaine chronique), qui permettra d’élaborer des modèles d’armée de terre à un horizon de vingt ans et d’en décrire les grands principes d’organisation et de fonctionnement.
Ce processus nécessite la mise en place d’outils de modélisation, de simulation et d’aide à la décision particuliers pour faciliter la réalisation des différents modèles.
Un fonctionnement basé sur le principe du travail en réseau
Ainsi, la cellule d’études et de prospective coordonne et anime un réseau d’officiers affectés dans les différents bureaux de l’EMAT et relais de la préparation de l’avenir dans leur domaine d’expertise. Ce réseau traite collectivement des questions dites « transverses » et participe plus particulièrement à l’organisation et au fonctionnement d’un système de « veille stratégique », dont l’objectif est de rechercher les signaux et les tendances « porteurs d’avenir ».
En outre, la CEP expérimente et évalue les méthodes et les outils d’aide au travail en groupe et d’aide à la décision utiles aux travaux d’état-major.
Enfin, elle organise et anime la formation des autorités et des officiers rédacteurs de l’EMAT à la mise en œuvre de travaux de conception et de préparation de l’avenir.
Conclusion
Dans un état-major aux acteurs nombreux, confronté à un environnement futur complexe, la mission majeure de la CEP est donc de préparer et de faciliter la prise de décisions stratégiques, élaborées à la fois en concertation et dans des délais satisfaisants pour rendre l’action possible.
La CEP peut ainsi être considérée comme un véritable « laboratoire de recherche et de réflexion » tourné vers l’avenir, utilisant des méthodes novatrices pour l’armée de terre, inspirées du secteur civil.
À cet effet, elle cherche à ancrer cette culture de démarche prospective au sein de l’armée de terre en jalonnant les étapes de la formation des officiers. C’est ainsi que, depuis cette année, certains stagiaires « Terre » du CID sont initiés aux travaux de conception et de préparation de l’avenir, en attendant d’étendre cette formule à l’ensemble des officiers susceptibles de servir au sein des différents états-majors de l’armée de terre. ♦
(1) DAS : Délégation aux affaires stratégiques, DRM : Direction du renseignement militaire, FRS : Fondation pour la recherche stratégique, Iris : Institut des relations internationales et stratégiques.