Le ministère français de la Défense développe aujourd'hui une démarche stratégique pour l'acquisition transnationale de capacités opérationnelles qu'il entend partager avec ses partenaires européens. Cette démarche, résolument globale, a pour objectif premier de déterminer les éléments des stratégies nationales de positionnement et d'acquisition pour les équipements, en procédant par systèmes de force, en les appréciant dans leur dimension capacitaire et en utilisant le modèle 2015 comme référentiel de planification. Elle vise également à faciliter la convergence, ou à défaut, la cohérence des procédures de programmation militaire, lorsque c'est possible, pour rendre opérationnelle la politique européenne de sécurité et de défense. Elle participe à placer les concepts de « nation-cadre », de « capacité structurante » et de « capacité-clé » au coeur de la programmation pluriannuelle de défense.
Une démarche capacitaire pour l'Europe
Le texte qui suit présente une démarche stratégique pour l’acquisition transnationale de capacités opérationnelles. Il ne développe que le volet « acquisition » de la stratégie des moyens alors que celle-ci comprend aussi les aspects « ressources humaines », « ressources financières » et « savoir-faire ».
Les enjeux politiques et institutionnels pour l’union européenne
La nouvelle donne stratégique mondiale, confirmée autant par les événements du 11 septembre que par les réponses qui y ont été apportées hors d’Europe comme au sein de l’Union, engendre un profond renversement des facteurs qui concourent à la réponse stratégique d’une Europe, qui refuserait politiquement de ne se concevoir que réduite à sa seule vocation d’« Europe-espaces » (1). À la faveur du « processus constituant » engagé à l’issue du Conseil européen de Laeken, l’Europe doit reprendre l’initiative et étayer son projet politique en dégageant les éléments qui permettent de développer un véritable pôle régional de puissance et en se dotant des instruments indispensables à une stratégie d’influence internationale autonome.
C’est dans cette seule perspective qu’il convient désormais d’envisager la politique commune de sécurité et de défense dont les missions et les moyens serviront une vision partagée du nouveau cadre stratégique mondial, où les risques et les menaces sont caractérisés par la domination des asymétries de valeurs, de stratégies et de moyens.
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