Repères - Opinions - Débats
Le ministère français de la Défense développe aujourd'hui une démarche stratégique pour l'acquisition transnationale de capacités opérationnelles qu'il entend partager avec ses partenaires européens. Cette démarche, résolument globale, a pour objectif premier de déterminer les éléments des stratégies nationales de positionnement et d'acquisition pour les équipements, en procédant par systèmes de force, en les appréciant dans leur dimension capacitaire et en utilisant le modèle 2015 comme référentiel de planification. Elle vise également à faciliter la convergence, ou à défaut, la cohérence des procédures de programmation militaire, lorsque c'est possible, pour rendre opérationnelle la politique européenne de sécurité et de défense. Elle participe à placer les concepts de « nation-cadre », de « capacité structurante » et de « capacité-clé » au coeur de la programmation pluriannuelle de défense.
Le programme de navigation et de positionnement précis par satellite Galileo a été adopté par le Conseil des ministres de l'Union européenne à Bruxelles le 26 mars 2002. S'il est vrai que Galileo n'est pas exclusivement un projet spatial, s'il est vrai aussi que le système se veut « civil contrôlé par les civils », il ne faut pourtant pas sous-estimer la nouveauté de cette initiative sans précédent. Pour la première fois, un projet complexe de haute technologie comprenant une importante composante spatiale se trouve engagé par le Conseil, sur proposition de la Commission, et avec l'avis favorable du Parlement européen, son développement étant confié à un organe ad hoc de gestion associant la Communauté et l'Agence spatiale européenne qui le co-financent. Le système vise à offrir de façon continue, fiable et contrôlée des services tant « réglementés publics » que commerciaux. Cette décision constitue un succès pour les tenants de nouveaux pas pragmatiques dans la construction de l'identité européenne, au-delà du marché et de la monnaie. Les obstacles rencontrés dans le processus de décision et les perspectives ouvertes constituent autant de sujets de réflexion pour l'action.
L'Europe de la Défense, qui consiste à rendre opérationnelle une force de projection intégrée, ne peut avoir d'efficacité si elle ne dispose pas d'un système de renseignement qui, aujourd'hui et demain, devra comprendre une composante spatiale douée de capacités temps réel et de permanence sur l'objectif. Il est proposé de franchir une première étape dans cette direction au moyen du programme franco-italien approuvé Pléiades Cosmo-Skymed d'obervation de la Terre. Lire les premières lignes
Le dialogue du politique et du soldat conditionne la mise en place de l'outil militaire. Si ce dialogue s'est maintenu outre-Atlantique, on ne peut en dire autant en Europe, sans doute par absence de structure constituée, de type état-major de planification, hormis l'Otan jusqu'à il y a peu. Dans ces conditions, la différence de stratégie entre les États-Unis et l'Europe est inéluctable ; l'écart technologique souvent regretté ne pouvant que s'accentuer. Les auteurs recommandent aux Nations constituant l'Europe de renouer le dialogue entre politique et militaire, d'abord au niveau national, si elle veut retrouver une quelconque autonomie stratégique.
Dans un monde recomposé et incertain, la Défense doit veiller à sa politique de communication : aussi un groupe d'officiers supérieurs du Centre des hautes études militaires (Chem) en a-t-il étudié les enjeux. Avec pragmatisme, il propose les voies d'une stratégie plus offensive, fondée sur une participation active et plus responsable des militaires au débat public. Dynamiser la communication, mieux l'incarner, mais aussi en conserver une juste maîtrise pose toutefois en filigrane la question de l'obligation de réserve, dont l'actualisation demeure un préalable indispensable. Lire les premières lignes
La vivacité voire la virulence des débats politiques, en France, lors des étapes successives de la construction européenne, entre « souverainistes » et partisans d'une Europe politique plus intégrée, souligne bien l'acuité de la question de la souveraineté dans notre pays. Confrontée aux multiples évolutions contemporaines et à la nécessité de vivre en bonne intelligence dans un espace physique partagé, la France doit rechercher de nouvelles voies pour intégrer, sans s'y dissoudre, cette nouvelle communauté de destin, l'influencer et mieux cerner dans ce contexte les conditions de sa souveraineté en matière de sécurité et de défense;
Deux officiers de culture analogue proposent de la guerre deux visions opposées. Vincent Desportes, lecteur attentif de Clausewitz, veut que l'on revienne aux enseignements du maître : la guerre et l'humanité marchent du même pas. Loup Francart, doctrinaire de la contre-guerre, théorise les opérations de paix. Peut-être les deux thèses sont-elles complémentaires : Si vis pacem ... Lire les premières lignes
Le département de la défense a soumis au Congrès début janvier sa deuxième Revue de posture nucléaire (NPR) censée tracer l'avenir des armes nucléaires américaines. L'événement a soulevé peu de réactions comparées à celles qui ont suivi, à la mi-mars, les fuites de sa partie classifiée. Ce qui était considéré en début d'année comme l'expression sans grandes conséquences d'un exercice obligé est alors apparu à une bonne part de la critique aux États-Unis comme la marque d'une évolution profonde de la pensée stratégico-militaire, de nombreux analystes considérant même le document comme une remise en cause profonde du rôle et de la place du nucléaire. Pour beaucoup, ce dernier était en fait réintégré dans la panoplie banale de l'efficacité militaire, au risque de déstabiliser les équilibres stratégiques et les autres systèmes de défense nationale.
Critiquée pour son absence de clarté depuis sa prise de fonction, l'Administration Bush multiplie, depuis les attentats du 11 septembre, des signes permettant de déchiffrer une stratégie d'ensemble. Ainsi, la doctrine nucléaire semble-t-elle sur le point d'être redéfinie en profondeur, à la fois pour répondre à des impératifs guidés par l'environnement stratégique, mais également en raison de la présence dans l'administration d'acteurs qui défendent une nouvelle ligne stratégique.
Le 11 septembre est venu nous rappeler que les missions de Petersberg, ou les coalitions internationales relevant plus ou moins de la théorie du « zéro mort » ne sont plus le seul horizon des forces armées. Dans ces conditions se pose la question de la préparation psychologique, politique, spirituelle et morale au combat. Après nous être posé la question de la nécessité d'une telle préparation, nous comparerons les actions entreprises en France et plus particulièrement dans la marine nationale à celles adoptées dans les marines alliées. Enfin, nous proposerons quelques axes de réflexion quant à l'adéquation entre la réalité de cette préparation en France et les nouveaux conflits auxquels les armées françaises pourraient être amenées à faire face. officier en second d'un patrouilleur de service public
L'immigration est ressentie aujourd'hui comme une menace, dont il serait nécessaire et possible de se protéger par une politique de forteresse. Or les migrations sont une composante normale de la vie des sociétés. De plus les gouvernements n'ont qu'une capacité limitée à contrôler les flux humains. La mondialisation, même si les espaces terrestres sont occupés et partagés entre des États souverains, appelle une banalisation des migrations. Capacités de comparaison des populations, facilités de transport, émergence d'un marché planétaire du travail, enfin diffusion des droits de l'homme, tous ces facteurs concourent aux migrations. Les politiques d'immigration, en général policières, sont vouées à être profondément repensées et à s'internationaliser de plusieurs manières : coopérations entre gouvernements, entreprises et mouvements associatifs entre États d'accueil et États de départ.
Depuis notre précédente chronique (janvier 2002) le mouvement de rapprochement esquissé par la Russie avec l'Occident s'est concrétisé. Ne partage-t-elle pas avec lui, non seulement une partie de son héritage historique, culturel et religieux, mais aussi des intérêts géopolitiques globaux (lutte contre le terrorisme...), comme la volonté de construire une économie compétitive, libérale en s'appuyant sur une société plus démocratique, au sein de laquelle un État rénové assurerait la pérennité et la continuité de la Nation russe. Vieille question des rapports entre la Russie et l'Europe, genèse de la pensée politique, tricentenaire de la fondation de Saint-Pétersbourg (2003), bilan de la Russie dix ans après, tels sont quelques uns des principaux thèmes, d'ailleurs récurrents, étroitement liés et qui forment la trame des interrogations et du regard portés sur la Russie.
Chroniques
Avant de revenir plus en détail dans une prochaine livraison de cette revue sur les implications du rattachement (effectif depuis le 16 mai dernier) de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales (1), il est apparu opportun de montrer, par l’exemple de la mise en place du réseau des attachés de sécurité intérieure (ASI), le bien-fondé de la recherche de synergie, de coopération entre les deux composantes du système policier français, l’une à statut civil (la police), l’autre à statut militaire (la gendarmerie), ce qui semble être une des principales justifications de cette nouvelle répartition des tâches ministérielles, éminemment historique. Lire la suite
Comme l’a officiellement annoncé le 17 avril le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld, les grands commandements interarmées américains seront profondément restructurés à partir du 1er octobre, au moment où entrera en vigueur le nouvel Unified Command Plan (UCP) qui organise les opérations en répartissant l’espace en aires de responsabilité (AOR) et les missions des grands commandeurs, Commander in Chief (Cinc). Lire la suite
Toute intervention militaire doit avoir une caution juridique. Pour les opérations de maintien de la paix et leurs compléments, cette préoccupation consiste à prévoir que les troupes ne peuvent être engagées que sous mandat international, lequel peut provenir — par exemple — de l’ONU ou de l’OSCE. On connaît le processus mis en œuvre par les Nations unies, on n’a pas eu l’occasion de voir fonctionner les mécanismes de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui réunit 55 États : Lire la suite
Avec la fin de la guerre froide, se sont multipliés les conflits régionaux dans lesquels la communauté internationale est intervenue, généralement sous l’égide des Nations unies. Cependant, les mandats de l’ONU ne se limitent plus à assurer le déploiement de forces d’interposition entre belligérants. Ils conjuguent désormais activités civiles et militaires : au-delà de la paix civile qu’il convient de faire respecter, il s’agit aussi de rétablir l’état de droit, de soutenir voire de former des administrations civiles, d’organiser des élections, d’assurer le respect des droits de l’homme et le retour des réfugiés, d’aider à la reconstruction des infrastructures et au redémarrage des activités économiques. Désormais, les opérations de paix sont pluridisciplinaires et nécessitent l’intervention de multiples acteurs, civils et militaires. Lire les premières lignes
Bibliographie
De 1954 à 1957, Michel Forget est pilote à la 4e Escadre de chasse, en RFA. De janvier 1958 à juin 1960, il est en Algérie, au PC Air de Batna d’abord, à l’état-major du général Challe ensuite. À l’été 1960, il rejoint à Dijon la 2e Escadre. Ce parcours justifie le titre de l’ouvrage : Guerre froide et guerre d’Algérie. Il permet aussi à l’auteur de juger en connaissance de cause le « grand écart » auquel a été soumise notre armée de l’air durant une décennie cruciale. En Europe, elle comptait 200 avions en 1950 ; elle en met en œuvre 850 en 1956, chiffre qui fera rêver les aviateurs d’aujourd’hui. Les réacteurs ont remplacé les moteurs à hélice et poussent les appareils aux vitesses transsoniques. En 1960 apparaît notre Mirage III. Le 1er octobre 1964, le premier escadron de Mirage IV, avec son arme nucléaire 22, est opérationnel. Étroitement liée à l’Otan notre stratégie, à partir de cette date charnière, commence à s’en distinguer. Lire la suite
Ces Mémoires ouvertement et joyeusement apocryphes, rédigés à la première personne, ne craignent pas, car le sujet s’y prête, de s’intituler « roman ». S’agit-il d’une entreprise de réhabilitation, comme la mode en a gratifié, il y a peu, aussi bien Louis XI que Napoléon III ? Non certes, quant aux mœurs et à la corruption de l’individu ; on peut même se demander si l’intéressé en personne aurait eu le cynisme d’afficher tant de turpitudes, de reniements et de manœuvres douteuses, lui qui transforma le bureau de Vergennes en « guichet payant » ; mais oui, quant à l’élégance, à l’attachement sincère pour ses proches (au moins ceux qui ont su lui plaire) et au désir de paix allant de pair avec l’opposition aux campagnes militaires, aventureuses avant d’être désastreuses. Le verdict serait délicat à prononcer ; heureusement, le lecteur n’y est pas convié. Lire la suite
« L’homme qui fit trembler Napoléon » affirme le sous-titre. Le coup d’État manqué révéla en tout cas les faiblesses du régime impérial et le livre réfute la représentation schématique d’une décennie de pouvoir sans nuage précédant un brusque déclin amorcé de Moscou à Leipzig. En effet, dès 1807-1809, après la boucherie d’Eylau, les tracas ibériques et le laborieux succès de Wagram (l’auteur a-t-il raison d’y situer une « armée – russe – malmenée » ?), l’image se détériore. Malgré Tilsit et le mariage autrichien, si l’Empire dans ses prémices était beau sous la République, la formule inverse commence à germer dans les esprits. Le peuple est las ; quant aux hommes en place chargés de prendre le pouls de la Nation, Fouché en tête, ils observent une prudence de serpent, se vautrent dans les ors et les prébendes, mais ils se bornent à constater les fissures du système en se tenant prêts à saisir l’occasion, sans « avoir le courage de la provoquer ». Lire la suite
Gilles Kepel est en colère. Il a été, avec quelques autres « islamologues », beaucoup moqué pour avoir annoncé « le déclin de l’islamisme » (1). Ce petit livre est une réponse à ses détracteurs, chronique des voyages qui ont amené l’auteur, en octobre et novembre 2001, en Égypte, au Liban, en Syrie, au Qatar et dans les Émirats arabes unis. Rien n’est simple en Orient, on le sait, et moins encore depuis le 11 septembre. L’Amérique, c’est le diable, mais le diable séduit. La rigueur religieuse côtoie la licence. À Doubaï, le commerce est roi et, dans les boîtes de nuit, les entraîneuses entraînent. À Sharjah, les étudiants vont à la fac dans de luxueuses voitures où la sono alterne musique techno et prédication édifiante. Au Caire, les paraboles se vendent sur les trottoirs et l’on zappe d’Al Jazeera aux chaînes turques de porno-hard. Dans l’avion du Caire à Paris, quatre jeunes gens, ayant fait leurs ablutions dans les toilettes, disposent entre les sièges leurs tapis de prière. Lire la suite
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