L’instauration d’un nouvel équilibre mondial matérialisé par la paix à nos frontières et la multiplication des crises, la réduction silencieuse des appareils militaires occidentaux, la professionnalisation des armées et l’émergence d’une identité européenne de défense constituent de véritables ruptures stratégiques qui s’accompagnent d’un net recul de la perception de la Défense dans l’opinion française.

De fait, même si l’actualité nous rappelle combien ce monde demeure dangereux, notre tempérament optimiste, ou cynique, incite à observer que les nouvelles menaces militaires ne nous concernent plus directement, et que les armées ne relèvent plus d’une priorité première.

Publiée par la Délégation à l’information et à la communication de la Défense (Dicod), l’édition 2001 du « Baromètre sur l’image des armées » le confirme : les Français placent la protection sociale et l’emploi au cœur de leurs préoccupations, tandis que la défense des intérêts français dans le monde par des moyens militaires n’est qu’en 11^e position. En revanche, le maintien de l’ordre et de la sécurité intérieure, comme la défense de la paix, sont respectivement cités en 3^e et 4^e positions. Ce constat traduit un glissement profond et persistant des aspirations traditionnelles de défense vers une exigence de sécurité quotidienne sur le territoire et un idéal de promotion des droits de l’homme. Dans l’esprit de nos concitoyens, comme dans celui du politique, voire du militaire, l’essence même de la Défense comme son utilité sont désormais diffuses.