La doctrine Bush, lutte totale et permanente contre le terrorisme, se donne comme instrument majeur « l'action militaire pre-emptive » : anéantir la menace dans l'œuf, frapper l'ennemi avant qu'il ne puisse agir. Cette question de la guerre préventive fait partie de ces débats stratégiques qui reviennent régulièrement. Les principes donnent finalement une réponse ambiguë : l'usage de la force ne saurait être admissible que pour réparer un tort ; en même temps, comment interdire totalement à un État, ou une communauté d'États, de prendre l'initiative, dès qu'il est sûr que l'adversaire développe des armes redoutables ? La prévention est-elle efficace ? La guerre est par nature imprévisible. Elle n'est jamais le produit d'une volonté parfaitement libre, mais le fruit d'une combinaison hasardeuse de circonstances et de calculs. La plupart des guerres pouvant être présentées comme préventives ont échappé à leur initiateur. Pourquoi une action militaire préventive en Irak échapperait-elle aux lois multiséculaires de la puissance et de ses aléas ? Cette action ne peut être limitée ni dans l'espace, ni dans le temps.