Sécurité : l'après-New York
Contribution d’un professeur à Saint-Cyr à l’étude des répercussions pour la France des attaques subies par les États-Unis en septembre 2001, ce petit livre intelligent fouette l’esprit. Aucun domaine de la sécurité n’échappe à son investigation : la conception de la sécurité, les moyens nécessaires, le rôle particulier de l’Amérique, la position de la France, le nucléaire, le poids de l’Europe. Tout est passé en revue.
Ce livre contient des affirmations intéressantes : diversification des acteurs des conflits internationaux et celle de leurs modes d’expression ; nombre de concepts qui fondent notre posture stratégique pourraient être bons pour la réforme ; on voit se dessiner une nouvelle carte des éléments à défendre ; l’agression contre les États-Unis appelle en tout état de cause une très profonde réforme de l’organisation mondiale ; on ne peut pas produire de la sécurité avec les seules recettes de la puissance militaire ; la vieille Europe pourrait bien être la matrice de la nouveauté. Si toutes ces phrases ouvrent des axes de réflexion des plus pertinents, elles ne pourraient pas être articulées sans que quelques opinions contestables soient émises. D’abord accepter comme une évidence que la population civile devienne la victime désignée des conflits (p. 41 et 46) : le droit de la guerre n’y trouve pas son compte ; ensuite l’affirmation que les États-Unis sont aujourd’hui l’unique pays à aligner de la puissance dans tous ses domaines majeurs d’expression : précisément non car si cela était, ils n’auraient pas été attaqués en septembre dernier.
Il faudrait aussi que l’ami David accepte d’aller plus loin, qu’il fasse sauter ce que le lecteur ressent comme des verrous culturels : nos problèmes de sécurité ne sont plus des problèmes de défense (p. 83) ; il serait aventureux d’oublier totalement la problématique politico-religieuse (p. 80) ; les politiques de défense vont devoir réintégrer une forte dimension intérieure (p. 92), la question des instances collectives de renseignement est ouverte (p. 115). On serait tenté de dire : « Certes, et alors ? Allez plus loin. Quelles conséquences pour l’Europe et pour la France ? ». ♦