La France est tributaire de capacités africaines de maintien de la paix crédibles car elle a définitivement renoncé à régler elle-même les crises africaines. Or, de telles capacités font encore largement défaut, malgré les programmes développés en ce sens par les États-Unis et la France depuis cinq ans, qui ne se sont pas avérés à la hauteur de l'enjeu. Pour obtenir une meilleure efficacité et un soutien plus affirmé des pays du Nord, il semble souhaitable de donner une nouvelle dimension au concept français de renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (Recamp), en le transformant en un véritable programme qui bénéficierait d'une plus grande part des fonds affectés à la coopération militaire et de défense avec l'Afrique subsaharienne.
Pour que Recamp ne rime plus avec décampe
Les crises qui déstabilisent la Côte d’Ivoire et la Centrafrique mettent en évidence le fait que de véritables capacités africaines de maintien de la paix font encore cruellement défaut en dépit des programmes développés dans ce sens depuis cinq ans par les États-Unis (ACRI) (1) et la France (Recamp) (2).
Au moment de déployer une force de paix, outre les difficultés politiques, on constate sur le plan technique que tout doit être élaboré dans l’urgence : création des structures de commandement et des unités de soutien, équipements d’unités de combat qui ne sont pas pré-déterminées, etc. Ceci donne lieu à une cacophonie regrettable (3) et les délais de déploiement d’une force d’interposition s’avèrent prohibitifs ; ce qui peut contraindre à engager des forces françaises dans l’intervalle (Côte d’Ivoire), ou permettre aux protagonistes de se livrer à des actions armées qui modifient les conditions de l’engagement de la force avant même qu’elle ait pu se déployer (Centrafrique).
Faut-il en conclure que la maxime ironique en vogue dans de nombreux pays africains francophones — Recamp = décampe — avait vu juste et que notre action s’avère vaine ?
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