Crise irakienne

Intervention du ministre des Affaires étrangères, au Conseil de sécurité de l'ONU (14 février 2003). Lire la suite

  p. 5-11

Extraits du discours de la ministre de la Défense, à la Wehrkunde (Munich, 8 février 2003). Lire la suite

  p. 13-14

Après avoir démonté les « preuves » américaines et britanniques, rien ne saurait justifier une intervention militaire contre l’Irak. Rappelant que l’abstention d’un seul des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, et non un veto, suffit à empêcher l’adoption d’une résolution du recours à la force, la légitimation de l’ONU apparaît difficile. C’est donc bien au mépris du droit international que se met en place la politique de puissance américaine, en fonction de ses propres intérêts.

  p. 15-23

Repères - Opinions - Débats

L'idée de « gap transatlantique » fait partie de la rhétorique habituelle de l'administration américaine à l'égard de ses alliés européens. Elle trouve aujourd'hui un écho, renforcé par les décisions du sommet de Prague, d'adopter le concept américain de Nato Reaction Force (NRF) et de créer sur le territoire des États-Unis l'Allied Command Transformation (ACT) comme deuxième commandement stratégique de l'Alliance. Lire la suite

  p. 24-34

L'Angleterre – celle des manuels d'histoire – et la France sont bien deux soeurs, opposées par d'interminables rivalités, mais, paradoxalement, indissolublement liées par leur permanente confrontation. Aujourd'hui l'Angleterre, après de longues aventures dans le grand large, est de retour en Europe ; la voici à nouveau petite île. Or cette Angleterre est très précieuse pour l'Europe. Qu'il s'agisse du régime parlementaire, de la révolution industrielle ou de l'adaptation à la mondialisation, elle est comme un laboratoire, osant la première poser des questions délicates : ainsi l'État-providence doit-il et peut-il survivre à la multiplication sans précédent des flux planétaires ? L'Angleterre apporte beaucoup à l'Europe, en particulier son sens aigu des réalités géopolitiques. Alors la France doit continuer de tout faire pour mieux insérer son partenaire d'outre-Manche dans l'édification de l'Union européenne et, à terme, asseoir un triangle Paris-Berlin-Londres.

  p. 35-41

Le 21 novembre 2002, le sommet de Prague a marqué un tournant pour l'Alliance atlantique. Élargissement sans précédent, redéfinition des missions sous la pression des États-Unis, tels sont les principaux défis à relever pour qu'elle conserve son efficacité, après une réforme en profondeur à venir sans précédent dans son histoire. C'est à ce prix que l'Otan restera au XXIe siècle l'organisation politique et militaire qui a permis de préserver, depuis plus de cinquante ans, la sécurité et la stabilité d'un continent européen dont l'Amérique ne saurait se désintéresser sans risque.

  p. 42-48

Pendant ce semestre, des développements de sécurité nouveaux ont pris le pas sur les travaux de la présidence danoise. Il est vrai que Copenhague, handicapée par des choix antérieurs, n'a pas pu déployer la même énergie que ses prédécesseurs à la présidence du Conseil européen. La Convention présidée par M. Giscard d'Estaing a remis ses premières conclusions. Pour la défense, elles donnent un poids plus important à la Commission et accentuent la centralisation de la décision à Bruxelles. Les affaires aériennes et spatiales ont fait irruption dans le champ de la PESD. Elles peuvent apporter une contribution essentielle aux ambitions de souveraineté européenne. Des détachements européens interviennent de plus en plus de par le monde. Ils installent progressivement l'identité militaire de l'Europe.

  p. 49-62

Participant au débat sur l'Union européenne, sur son identité, ses valeurs et son élargissement, l'auteur après avoir dénoncé l'inanité du matérialisme montre l'importance des religions dans la société. Notre civilisation reposant sur la religion chrétienne, l'Union se perdrait en n'en reconnaissant pas ses valeurs.

  p. 63-70

Abdelaziz Bouteflika s'est efforcé depuis son accession au pouvoir en avril 1999 de réconcilier les Algériens, éprouvés par des années de guerre civile, et de mettre fin à la violence des groupes armés. Il a fait adopter par le Parlement, puis par un scrutin référendaire, la « loi de concorde civile » destinée à la réinsertion sociale des islamistes n'ayant pas commis de crime de sang, ni de viol. Le chef de l'État s'est montré très large dans l'application de la loi, et a même envisagé une réintégration politique en proposant la « concorde nationale ». Les groupes armés irréductibles ont subi des coups sévères des forces de sécurité, mais la sanglante embuscade des Aurès de janvier 2003 montre qu'ils peuvent encore réaliser des coups de main d'une certaine ampleur.

  p. 71-79

La France est tributaire de capacités africaines de maintien de la paix crédibles car elle a définitivement renoncé à régler elle-même les crises africaines. Or, de telles capacités font encore largement défaut, malgré les programmes développés en ce sens par les États-Unis et la France depuis cinq ans, qui ne se sont pas avérés à la hauteur de l'enjeu. Pour obtenir une meilleure efficacité et un soutien plus affirmé des pays du Nord, il semble souhaitable de donner une nouvelle dimension au concept français de renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (Recamp), en le transformant en un véritable programme qui bénéficierait d'une plus grande part des fonds affectés à la coopération militaire et de défense avec l'Afrique subsaharienne.

  p. 80-90

Le tragique attentat de Bali a mis sur le devant de la scène du Sud-Est asiatique les affres du terrorisme islamiste. Cette nébuleuse s'appuie sur des plates-formes locales de contestation dont se nourrissent les mouvements extrémistes. Elle tente également d'infiltrer ou d'influencer certaines couches sensibles des communautés musulmanes implantées dans la région. À ce titre, le brûlot indonésien et le Sud des Philippines sont les havres de manipulation les plus propices pour les organisations terroristes, mais la Thaïlande, dont la partie méridionale est peuplée d'une minorité musulmane au passé agité, représente aussi un pôle d'inquiétude. Dans cette lutte contre le terrorisme, les réactions ont mis en lumière un accroissement significatif du rôle régional de l'Asean (Association des nations du Sud-Est asiatique) et de l'Australie. Elles ont aussi permis aux États-Unis de redéfinir leurs positions stratégiques dans cette partie du monde.

  p. 91-102

L’information, la sécurité et l’Europe sont intimement liées. La maîtrise de leurs enjeux – société de l’information, sécurité collective, construction d’un pôle européen de stabilité – est au cœur des évolutions de nos sociétés. Au côté de la grande puissance américaine, les pays de l’Union européenne ont l’opportunité de donner à l’actuel espace de libre-échange économique, la dimension d’une grande puissance politique, bienveillante, stable, fondée sur le droit et la démocratie. L’information de sécurité est un des principaux facteurs structurants ; elle peut permettre à l’Europe de neutraliser à l’avenir les nouvelles menaces, tant sur son sol qu’en participant activement à la stabilisation du monde. Le potentiel européen est, dans ce domaine, à la hauteur des enjeux politiques et les bases d’une architecture solide et efficace sont déjà posées. Il reste à l’intégrer dans une stratégie globale qui se développera selon une double démarche pragmatique et politique.

  p. 103-116

La tête du ministère de la Défense a tendance à grossir : aux chaînes traditionnelles « verticales » sont venues s'ajouter les fonctions « transverses » et, plus récemment, les structures « matricielles ». Parallèlement, l'industrie de défense s'est considérablement condensée tandis que l'outil militaire s'amaigrissait, tant en volume qu'en pouvoir d'achat. Alors que les forces ont été réorganisées, il est temps de dessiner un échelon central mieux adapté aux conditions de la défense d'aujourd'hui. Sa corpulence pourrait être diminuée d'un tiers environ et sa structure mieux équilibrée entre commandement, armement et soutien administratif.

  p. 117-126

La profonde réforme des armées françaises, liée à la suspension du service militaire obligatoire et à la professionnalisation de leur recrutement, entrée dans les faits, a été confirmée par les décisions budgétaires pour 2003 et par la nouvelle loi de programmation militaire.

  p. 127-137

Chroniques

Les opérations amphibies consistent, par la mise en œuvre de moyens inter-armées, à projeter des forces depuis la mer vers une côte pouvant être hostile. Il s’agit d’utiliser la mer, espace de liberté, pour agir vers la terre, lieu d’expansion et de règlement des crises. La projection de puissance à partir de la mer implique aéronefs, missiles de croisière et unités spéciales pour des missions de destruction ou de neutralisation ; les opérations amphibies, quant à elles, consistent à débarquer des forces terrestres pour atteindre des objectifs dont la nature peut varier fortement d’une mission à l’autre. Lire la suite

  p. 139-141
  p. 142-149
  p. 150-154

La loi du 21 janvier 1995 d’orientation et de programmation relative à la sécurité (LOPS) propose, dans son article premier, une définition particulièrement extensive de la sécurité, sur un plan tout à la fois formel et matériel : « La sécurité est un droit fondamental et l’une des conditions de l’exercice des libertés individuelles et collectives. L’État a le devoir d’assurer la sécurité en veillant, sur l’ensemble du territoire de la République, à la défense des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l’ordre public, à la protection des personnes et des biens » (1). Au-delà de son utilisation dans le domaine des relations internationales (2), cette notion, au demeurant fort ancienne, de « sécurité » peut être considérée comme synonyme de celle, devenue tout autant d’utilisation courante, de « sécurité intérieure », qui s’est imposée, au moins depuis le début des années 90, dans les discours, sur l’agenda public et dans les réalisations. Lire la suite

  p. 155-157
  p. 158-162
  p. 163-166
  p. 167-170
  p. 171-178

Bibliographie

Jean-Paul Charnay : La Charîa et l'Occident  ; L'Herne, 2001 ; 142 pages - Claude Le Borgne

Tout livre de Jean-Paul Charnay, maître en nombreuses disciplines, doit se lire avec attention. Le titre cerne bien l’objet de celui-ci, la charîa sans doute, mais dans son rapport à l’Occident. C’est de cette confrontation que provient, observation pathétique, « cette difficulté d’être qui étreint tant de musulmans ». Lire la suite

  p. 179-179

Charles Delamare : Le monde est grand... Ben Laden est son prophète  ; LPF Éditions, 2001 ; 310 pages - Michel Klen

L’ouvrage de Charles Delamare mêle habilement la campagne normande et le monde arabe. Ce double aspect donne au roman qui nous est proposé un intérêt géopolitique. La campagne normande nous plonge dans la France rurale des intrigues de familles. Le monde arabe est celui des affaires juteuses et des complots. L’auteur a mis à profit d’une part ses origines normandes dans le terroir des haras de pur-sang qui font la fortune de quelques riches propriétaires, d’autre part sa longue expérience d’administrateur de l’État et de banquier international pour pénétrer ces deux mondes, notamment celui de la nébuleuse commerciale du Proche-Orient. Dans le récit de Charles Delamare, ces deux univers se mélangent et créent des situations étranges dans lesquelles prédomine la méfiance réciproque entre les civilisations chrétienne et musulmane. Lire la suite

  p. 179-180

André Glucksmann : Dostoïevski à Manhattan  ; Robert Laffont, 2002 ; 279 pages - Eugène Berg

Parmi les douzaines d’écrits consacrés au choc planétaire du 11 septembre 2001, la réflexion politique et philosophique d’André Glucksmann apparaît certainement comme l’une des plus profondes et vraiment indispensable. Tout d’abord, elle n’est nullement descriptive ou événementielle, cela va de soi. Elle se situe d’emblée à cette hauteur, celle du grand style dont parlait Nietzsche, souvent cité par l’auteur de La cuisinière et Le Mangeur d’hommes, dans un fragment de 1888 « Volonté victorieuse, capacité à dominer et à contraindre le chaos, extension du regard sur des similitudes et étendues plus vastes » ; c’est-à-dire, nous indique Claudio Magris, dans sa leçon inaugurale au Collège de France (octobre 2001) « Littérature, nihilisme et mélancolie », perspective du haut, hiérarchie ordonnatrice et législatrice, force organisante qui ne met pas en lumière un sens immanent à la vie, mais comme le dira à sa suite Gottfried Benn, impose « une loi contre la vie », plie le fourmillement de cette dernière à la volonté impérieuse de la forme. Lire la suite

  p. 180-183

Pierre Conesa : Dommages collatéraux   ; Flammarion, 2002 ; 309 pages - Christian Quebec

Les conséquences politiques, stratégiques, économiques et sociales de la chute du mur de Berlin et de l’implosion de l’empire soviétique ont fait l’objet de nombreux livres savants et argumentés. Lire la suite

  p. 183-183

Revue Défense Nationale - Mars 2003 - n° 651

Revue Défense Nationale - Mars 2003 - n° 651

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Mars 2003 - n° 651

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