Asie - Corée de Sud : un nouveau président sur fond de crise
M. Roh Moo-hyun, élu président le 19 décembre 2002, a pris ses fonctions le 25 février 2003 dans un climat interne tendu, marqué par des manifestations antiaméricaines et un dernier scandale éclaboussant son prédécesseur, M. Kim Dea-jung. Partisan de la poursuite de la politique de la main tendue au Nord, la nouvelle crise du nucléaire provoquée par le retrait Nord-coréen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et la réactivation du réacteur de Yongbyon, gelé depuis l’accord de 1994 avec les États-Unis, le place dans une situation très délicate.
Le président inattendu
Le président sortant, Kim Dae-jung, malgré une notoriété internationale résultant de son Prix Nobel de la paix pour avoir été à l’origine de l’historique sommet intercoréen de juin 2000, a, dans son pays, terminé son mandat de piteuse manière. Il n’a pas convaincu ses compatriotes qui, aux dernières élections générales, l’ont privé d’une majorité parlementaire ; par deux fois, les députés ont refusé d’approuver ceux qu’il avait pressentis comme Premiers ministres. Surnommé « Monsieur Propre » avant son élection, ses deux fils sont aujourd’hui en prison pour corruption et trafic d’influence. Il lui est aussi reproché d’avoir beaucoup donné au régime du Nord sans rien obtenir en retour. Dans ces conditions, on voyait mal comment le candidat de son parti, le Parti démocratique du millénaire, fondé pour soutenir sa candidature aux dernières élections présidentielles, aurait pu l’emporter. Le président du Grand parti national, majoritaire au Parlement, M. Lee Hoi-chang était tellement favori que presque tous les autres candidats s’étaient désistés au profit de M. Roh Moo-hyun, en particulier le populaire M. Chung Mong-joon, président du comité coréen d’organisation de la coupe du monde et fils du fondateur du groupe Hyundai.
Contrairement à la campagne présidentielle précédente, axée sur la situation économique, les deux candidats se sont surtout opposés sur l’attitude à avoir à l’égard de la Corée du Nord. Ancien juge à la Cour suprême, Lee Hoi-chang, 67 ans, vaincu par Kim Dae-jung il y a cinq ans, est un farouche opposant à la politique de la main tendue et préconise la suspension de l’aide au Nord. La reprise du dialogue intercoréen en août 2002, et les espoirs qu’il avait fait naître par la décision de procéder à la réouverture des relations ferroviaires, routières et aériennes, ainsi que le voyage historique du Premier ministre japonais à Pyongyang en septembre, avaient renforcé les chances de M. Roh Moo-hyun. L’annonce faite par le Département d’État américain, quatre jours avant le scrutin, que la Corée du Nord reconnaissait, à l’occasion du voyage de M. James Kelly à Pyongyang, début octobre, avoir secrètement poursuivi ses recherches nucléaires sur la production d’uranium enrichi permettant la fabrication de bombes atomiques, malgré l’accord de 1994, fut un coup très dur. La campagne fut aussi marquée par de nombreuses manifestations antiaméricaines provoquées par l’acquittement, par un tribunal militaire américain, de deux soldats dont le camion avait mortellement blessé deux adolescentes coréennes. Des propos contre les États-Unis, tenus par le candidat Roh Moon-hyun, lui avaient valu, la veille du scrutin, le retrait du soutien de M. Chung Mong-joon. Cependant, il fut élu par 48,9 % des voix contre 46,6 % contre son principal concurrent, devenant le plus jeune des présidents Sud-coréens.
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