Exercice ambitieux et délicat que celui de dresser un état des lieux du terrorisme et du contre-terrorisme, à l’échelle planétaire au lendemain des événements du 11 septembre 2001, alors qu’aujourd’hui encore chaque jour apporte sa moisson d’informations relatives à l’organisation, aux ramifications et aux méthodes employées par les réseaux terroristes les plus actifs ces derniers mois.

Le sous-titre « L’incompréhension fatale » révèle sans doute mieux que le titre lui-même l’objectif que s’est fixé l’auteur au sein de cette analyse. Partant de la considération que les événements du 11 septembre 2001 constituent un nouveau niveau atteint par le terrorisme, et constatant que là où le terrorisme parvenait difficilement à contester les autorités locales, il y a encore quelques années, il est aujourd’hui parvenu au stade ultime de la terreur en monopolisant l’actualité, l’auteur s’interroge sur les raisons profondes qui justifient une telle évolution. Il cherche ainsi à mieux déterminer les fondements de cette nouvelle forme de contestation, en détaillant les mécanismes du crime international et en analysant les modes préparatoires mis en œuvre. Ainsi c’est en étudiant toutes les conditions requises pour permettre aux terroristes d’atteindre leurs objectifs que cet ouvrage se propose de mieux comprendre les raisons de leurs méfaits, et surtout les possibilités qui leur sont offertes de contourner les moyens défensifs leur faisant face. Son ambition est donc bien de mieux faire connaître les motivations et les moyens des terroristes afin de les combattre de façon plus efficace.

Aucun effort significatif, en effet, ne semble avoir été fourni, selon l’auteur, quant à la compréhension profonde des origines du terrorisme, du fonctionnement des réseaux transnationaux du crime organisé et des moyens utilisés par les auteurs des attentats. Or il ne sera possible d’apporter des réponses efficaces qu’en s’attaquant aux moyens mis en œuvre, en comprenant les motivations et en analysant les méthodes des auteurs de ces actes. Il est ainsi illusoire de miser sur la force et les moyens de défense classiques face à une telle menace. Cette incompréhension quelle qu’en soit sa cause est fatale, car elle donne aux terroristes non seulement la possibilité de frapper à nouveau, mais également des arguments pour recruter.

Cette analyse est donc un plaidoyer destiné à sensibiliser les lecteurs sur la réelle nature des enjeux encourus et sur la nécessité de ne plus concevoir les actions antiterroristes comme de simples réponses ponctuelles, mais comme la composante d’une politique de long terme plus générale susceptible seule d’apporter des résultats significatifs.

Barthélémy Courmont est chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), il est en outre chargé de cours à l’Institut d’études politiques de Lille et à l’université Paris XIII ; son ouvrage, précédent, publié en 2002 s’intitule Les guerres asymétriques. ♦