La guerre Lire la suite
Entreprises et marchés
La période de grande tension internationale que nous connaissons, et le risque que la première puissance mondiale se trouve engagée dans une guerre pose une nouvelle fois le problème de l’impact de la géopolitique sur la sphère économique et sur les stratégies des entreprises. Une tradition, voire une certaine myopie tendent à exclure l’entreprise du champ de la géopolitique, à l’exception notable des entreprises du secteur de la défense et du secteur pétrolier. Lire les premières lignes
Le contrôle des concentrations économiques des grandes entreprises internationales appelle l'application de lois antitrust des deux côtés de l'Atlantique. Ainsi, la Commission européenne rend-elle jusqu'à 350 décisions par an au titre du contrôle des fusions et acquisitions, en vue de prévenir la création ou le renforcement d'une position dominante dans l'espace économique européen. Cette intervention concerne autant des entreprises d'origine européenne qu'américaine, les textes applicables n'attachant pas d'importance à la nationalité de l'entreprise, mais davantage à la localisation de son chiffre d'affaires. La Commission européenne a pu, dans diverses décisions intéressant des entreprises de secteurs stratégiques, imposer des cessions d'actifs, des renonciations à des contrats importants ou autres formes d'engagements commerciaux susceptibles de rétablir la concurrence. L'autorité américaine et l'autorité européenne, malgré des procédures permettant d'échanger informations et points de vue sur les dossiers transatlantiques, ont parfois rendu des décisions divergentes. Il existe donc bien un contrôle de la puissance économique exercé au niveau européen, que la mondialisation rend particulièrement nécessaire.
Cet article analyse les relations conflictuelles entre les entreprises et un nouveau militantisme s'écartant des revendications catégorielles. Ces groupes se mobilisent contre le secteur privé, ressenti comme un nouvel acteur politique, incontrôlable et enfermé dans une logique cynique de profit. Il en résulte de fréquents conflits informationnels sur fond de responsabilité sociale des entreprises dans lesquels la médiatisation joue un rôle central. L'entreprise se révèle être particulièrement vulnérable à ces attaques cognitives de la sphère « néo-militante » et peut être profondément déstabilisée par cette guerre de l'information au nom de l'éthique.
Les organisations terroristes, du type Al-Qaïda , se sont affranchies des tutelles d'État et utilisent les marchés financiers qui sont ainsi devenus le théâtre d'opérations sous-jacent à leurs activités criminelles, comme l'illustrent les mouvements spéculatifs observés la veille du 11 septembre 2001. La lutte contre le financement du terrorisme est donc essentielle. Elle ne semble cependant pas avoir encore généré de résultats vraiment probants, mais nous en sommes-nous donnés les moyens ?
États-Unis et Europe sont face à face dans une lutte d'influence pour imposer aux pays émergents leur système de formation et leurs normes éducatives. Ces deux grandes puissances sont en concurrence pour attirer des étudiants étrangers dans leurs programmes d'enseignement supérieur. La mondialisation du marché de la formation a donné à cette rivalité une dimension qui dépasse largement les enjeux d'une ambition culturelle. L'objectif est de mettre le système éducatif au service de la guerre économique. L'Europe, divisée au départ du fait de la diversité des systèmes éducatifs nationaux s'est donné, avec la déclaration de Bologne, le moyen de proposer une norme unique qui renforce l'attractivité et la visibilité de son offre éducative. L'OMC, en considérant l'éducation comme un service marchand, vient bouleverser le jeu de ces grandes puissances en éveillant les revendications des mouvements anti-mondialisation.
Repères - Opinions - Débats
Quelle que soit l'issue de la crise irakienne, le président George W. Bush a conduit son pays dans un piège : d'une part, parce que la rhétorique guerrière des doctrinaires qui l'entourent dresse le monde contre les États-Unis ; d'autre part, parce que l'Amérique, qui se voulait bienveillante, est considérée désormais comme une nuisance. Il n'est pas déraisonnable de penser qu'elle mettra un terme à l'ère des empires, dont elle pourrait bien être le dernier avatar moderne. L'Europe, qui a échoué par le passé à devenir empire, peut légitimement y voir une chance à saisir et parier sur le déclin des États-Unis, à condition de ne pas se tromper elle-même de projet. Lire les premières lignes
Au-delà de ses aspects conjoncturels et largement commentés, la crise actuelle autour de l'intervention en Irak exprime des données profondes qui sont rarement évoquées et que le présent article recense et analyse avec un grand souci d'objectivité. Lire la suite
L'Irak constitue l'épicentre du nouvel USCentCom américain, commandement stratégique qui s'étend du Kazakhstan au Soudan et qui n'a d'autre facteur de cohérence que le pétrole. L'Irak forme la tête de pont à partir de laquelle Washington planifie une recomposition géopolitique régionale. Lire la suite
L'auteur de cette étude théorique s'appuie sur la division classique du monde en trois ères, établie par Alvin Toffler : ère agricole, ère industrielle et ère post-industrielle – pour étudier les caractéristiques de la paix et de la guerre. La stabilité de la paix et de son rétablissement sont analysés pour chacune des trois ères. La nature des conflits est étudiée selon les six possibilités de conflits qui existent entre les trois ères, dont trois sont asymétriques.
Présentée comme « le Sommet de la transformation de l'Otan », la réunion des chefs d'État et de gouvernement de l'Alliance atlantique, qui s'est tenue à Prague en novembre 2002, fera-t-elle date dans l'histoire de l'Organisation atlantique ? C'est à cette question que répond cet article, qui conclut que les pays européens se sont engagés à développer des capacités militaires nouvelles, qu'il leur reste maintenant à financer.
Le concept d'espace occupe une place importante dans l'analyse stratégique. Il repose sur une hiérarchisation spatiale fondée sur la notion d'intérêt. Sa permanence dans le temps est liée à la pluralité des acteurs étatiques. Cet article se propose d'analyser l'initiative de défense européenne en fonction de ce concept et d'en apprécier les conséquences pour notre pays. Lire la suite
Analyse critique du projet de loi relatif à la répression de l'activité de mercenaire. Lire la suite
Malgré la hausse des crédits militaires, il est évident que la réflexion stratégique reste tributaire d'une logique budgétaire en partie parce que les militaires sont trop à l'écart des cercles de réflexion et d'influence pour pouvoir peser sur les choix politiques. Pour mener à bien cette stratégie d'influence, il faut, à la fois, posséder les connaissances, être capable de s'adapter, et avoir les moyens de se porter auprès de la société civile. Cela implique des évolutions que la société militaire doit avoir le courage de demander et d'entreprendre, sans pour autant se renier.
Le débat sur le deuxième porte-avions, animé par les milieux proches de la défense depuis de longues années, a fait l’objet de nombreuses publications – la revue Défense Nationale y a participé. On pouvait croire ce débat clos avec le vote de la loi de programmation militaire 2003-2008 : « Pour retrouver la permanence du groupe aéronaval, le projet de deuxième porte-avions sera lancé au cours de la période, en explorant les possibilités de coopération avec le Royaume-Uni ». Lire la suite
Mobilité stratégique et souplesse tactique, pourquoi réinventer ce qui existe ? Certes problématique lorsqu’il est appliqué au vivant, le clonage matériel a fondé la réussite industrielle de nos nations : une bonne solution est reproduite au moindre coût tant qu’aucune révolution d’emploi ou de fabrication ne la frappe de désuétude. Lire les premières lignes
L'abrogation, par un décret récent et dans l'indifférence générale, de la grande loi du 16 mars 1882 sur l'administration de l'Armée est l'occasion de rappeler les apports de ce texte de référence et le patient mais inexorable démembrement des principes de saine administration qu'il énonçait. Elle conduit également à s'interroger sur la spécificité et l'avenir de l'administration militaire dont l'évolution semble marquée par la banalisation et la « civilianisation ». Cette question particulière n'a de véritable intérêt que par rapport à une question plus large sur la conception même du commandement, envisagé dans sa plénitude et son unicité traditionnelles ou dans l'éclatement de partenariats croisés au caractère militaire moins affirmé. À cet égard, et avec en ligne de mire une meilleure efficience du ministère, les principes posés par la défunte loi de 1882 peuvent encore éclairer le futur. Lire les premières lignes
Chroniques
L’Application coordonnée de comptabilité, d’ordonnancement et de règlement de la dépense de l’État (Accord) est née d’une volonté affirmée de modernisation de la gestion des finances publiques. Elle a ainsi pour objectif la réalisation d’un système d’information commun à tous les agents chargés de l’exécution et de la comptabilisation des dépenses publiques afin d’assurer le suivi et le contrôle de l’ensemble des dépenses de l’État. Lire la suite
Face à l’évolution du contexte stratégique, le président de la République décide en 1996 la professionnalisation des forces armées. L’appel aux conscrits est progressivement suspendu. Lire la suite
Le ministère de l’Intérieur trouve son origine à la fin du XVIe siècle, avec l’institution du secrétariat d’État de la Maison du Roi, chargé de l’administration générale du royaume. Cette institution allait devenir un des principaux rouages administratifs de l’Ancien Régime (outre l’administration d’un certain nombre de provinces et de généralités et la gestion de la Maison du Roi, il s’était vu confier l’examen des affaires relatives au clergé, aux protestants, aux feuilles de bénéfices, aux brevets civils…), à la faveur de l’extension de sa compétence sur Paris et un nombre croissant de provinces ; de sorte qu’au XVIIIe siècle, on utilise couramment à son propos les expressions de « département de l’Intérieur », d’« affaires du dedans » et d’« administration générale du royaume ». Lire les premières lignes
Bibliographie
« Autour d’elles (la France et l’Allemagne) on se félicitait de ce grand beau temps dans le climat d’un continent où, de leurs rencontres orageuses, étaient nés si souvent la foudre et les éclairs ». Du de Gaulle ? Non, du Bonnefous. C’est dire la perfection de la langue, la maîtrise dans le choix des images, l’ampleur d’un style qui procure toutefois au lecteur des instants de détente par des tournures familières et un humour sous-jacent. Lire la suite
Gérard Chaliand et Arnaud Blin nous avaient donné un précieux Dictionnaire de stratégie militaire (1). Les deux compères récidivent, publiant, dans la hâte que justifie la conjoncture, un livre au titre accrocheur, reflet des inquiétudes actuelles. Si, en conclusion, les auteurs abordent la crise irakienne, c’est moins cette analyse que l’on retiendra que l’histoire, brossée à grands traits, des rapports de l’Amérique au monde. L’Amérique n’est pas une nation ordinaire. La séparation réalisme-idéalisme, que personnifieraient républicains et démocrates, clarifie abusivement le mélange intime de moralisme et d’actions intéressées qui caractérise la politique extérieure américaine. Lire la suite
Le général de brigade (CR) Pichot-Duclos possède une riche expérience dans le domaine des relations internationales, des langues et du renseignement. Diplômé en langue tchèque de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), il a occupé les fonctions d’attaché militaire adjoint à Prague, d’officier renseignement à l’état-major de la 1re Armée à Strasbourg et de commandant de l’École interarmées du renseignement et des études linguistiques (Eirel) de 1987 à 1992. Pendant les cinq années passées à la tête de l’Eirel, cet officier érudit a donné une impulsion nouvelle au concept du renseignement national et mis en place les fondements du renseignement interarmées. Une tâche exaltante, mais particulièrement difficile quand on connaît les clivages qui existent entre les différents services et le manque de culture « renseignement » de nombreuses autorités militaires. Lire la suite
C’est à un périple fort captivant, emprunt parfois d’un certain parfum de nostalgie, que nous convie le Centre d’histoire militaire et d’études de défense nationale de Montpellier (CHMEDN) au travers de ce recueil d’études réunies à l’occasion du colloque « Paix et guerre en Indochine » organisée par l’Université Paul Valéry de Montpellier. Lire la suite
Exercice ambitieux et délicat que celui de dresser un état des lieux du terrorisme et du contre-terrorisme, à l’échelle planétaire au lendemain des événements du 11 septembre 2001, alors qu’aujourd’hui encore chaque jour apporte sa moisson d’informations relatives à l’organisation, aux ramifications et aux méthodes employées par les réseaux terroristes les plus actifs ces derniers mois. Lire la suite
De nombreux Juifs de France ont combattu dans la France Libre et dans les divers mouvements de la Résistance française, pendant la Seconde Guerre mondiale. Lire la suite
Pierre de Villemarest est un fin connaisseur du monde glauque des services secrets et acteur lui-même à en croire les nombreux témoignages rédigés à la première personne. Son ouvrage fournit une occasion supplémentaire de sortir d’un manichéisme rassurant mais discutable. Tandis que Gefreite, Feldwevbel et Oberst se faisaient massacrer sur le front de l’Est, plus d’un dignitaire du Reich commençait à trahir en préparant la suite d’une défaite devenue probable (« Négocier la survie »). Le lâchage vint plutôt des suppôts idéologiques et policiers du régime que de militaires disciplinés et de l’Abwehr « soigneusement tenue à l’écart ». On ne peut s’empêcher de songer au binôme Talleyrand-Fouché et au « vice appuyé sur le bras du crime ». Les conjoints mis en valeur ici se nomment Martin Bormann, nom relativement connu, et Heinrich Müller, en énigmatique personnage moins notoire bien qu’élève efficace et zélé d’Himmler et d’Heydrich, affublé de la particule « Gestapo » afin de souligner son appartenance à cette auguste maison et de le distinguer de ses innombrables homonymes. Lire la suite
Il y a dix ans, avec Après tant de batailles, Pierre Messmer nous livrait ses mémoires. Le compagnon de la Libération, l’ancien Premier ministre, celui qui a contribué à écrire l’histoire de la France nous donnait avec talent sa vision de l’histoire. Lire la suite
La guerre
La guerre est donc déclarée à l’Irak par les États-Unis, accompagnés sur le terrain par les troupes britanniques et australiennes ; ce n’est pas une surprise.
Le lecteur nous pardonnera de rappeler que, compte tenu des délais de publication, les articles de ce numéro ont été écrits avant le déclenchement des opérations. Ces textes gardent toute leur valeur, car se situant au niveau de la réflexion stratégique.
Entreprises et marchés
Les entreprises sont devenues de plus en plus internationales, mondialisation oblige. Les plus grosses ont des chiffres d’affaires qui dépassent le PIB de pays développés. L’endettement de certaines autres atteint des proportions impressionnantes, comme les résultats publiés par certaines d’entre-elles viennent de le rappeler. L’importance des chiffres annoncés montre bien la place des entreprises dans le grand jeu international.
Le dossier présenté a été préparé par Jean-Marc De Leersnyder, directeur de l’Executive MBA CPA au groupe HEC, et directeur de séminaire au CID.
Il confirmera à beaucoup de nos lecteurs que le monde de l’économie est aussi conflictuel ; qu’on peut en effet parler de guerre économique et de stratégie d’influence ; et que les méthodes d’appréciation de situation, d’élaboration de mode d’action, et de conduite sont transposables à cet autre théâtre d’opérations. ♦
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