La Patrouille perdue et autres récits extraordinaires
Il y a dix ans, avec Après tant de batailles, Pierre Messmer nous livrait ses mémoires. Le compagnon de la Libération, l’ancien Premier ministre, celui qui a contribué à écrire l’histoire de la France nous donnait avec talent sa vision de l’histoire.
En 1998, en publiant Les Blancs s’en vont, l’ancien gouverneur général de l’Afrique occidentale française (AOF), l’académicien des Sciences d’Outre-Mer éclairait notre réflexion sur le processus de décolonisation.
Aujourd’hui, le chancelier de l’Institut nous offre une version nouvelle et éclairante de ses souvenirs. La plume de l’académicien français nous brosse six tableaux qui, de 1941 aux années 60 et de l’Érythrée au Laos, sont autant de manières de prendre l’histoire à rebours. De l’épopée d’une patrouille perdue dont le sergent Pavitchevitch fait le récit au capitaine Messmer, aux ravages que la passion amoureuse peut provoquer au cours du conflit indochinois, chacune de ces six chroniques est un moment à la fois tendre et ironique sur lequel l’auteur porte son habituel regard décapant.
De l’étrange condamnation à mort d’un caporal à la rédemption d’un commissaire de police au Cameroun, l’homme des Sciences morales et politiques, au fil du récit, nous invite à la philosophie.
Écrites avec l’encre du souvenir, ces six histoires vraies sont, de fait, autant d’occasions de méditer sur l’homme, la guerre, l’amour et la mort.
Après avoir mis en exergue Rudyard Kipling, l’auteur nous rappelle, dans son dernier récit, que philosopher, c’est apprendre à mourir.
Cette « patrouille perdue » égarée en 1942 dans le désert de Libye a donc donné à Pierre Messmer l’occasion de publier un beau, un très beau livre qui se lit comme un roman et se médite comme une étude. Qu’il en soit sincèrement remercié. ♦