Après trente ans d’indépendance, la Somalie, déchirée par les guerres civiles, est en pleine anarchie. Morcelée en quatre territoires : Somalie, Somaliland, Puntland et Jubaland qui se proclament plus ou moins indépendants, elle est mise à l’écart de la communauté internationale. Pourtant, sa situation stratégique sur le golfe d’Aden et l’océan Indien lui donne une grande importance pour le contrôle de l’énorme trafic maritime issu du canal de Suez, et qui compte plus de 40 navires par jour vers l’Extrême-Orient, le golfe Arabo-Persique et son pétrole, l’Australie, la côte orientale d’Afrique et le cap de Bonne-Espérance. Les ressources biologiques de sa zone maritime exclusive de 800 000 kilomètres², et ses richesses minières, représentent d’excellentes perspectives d’avenir.
Comment réunifier la Somalie, ou alors comment stabiliser cette nouvelle situation géopolitique pour l’accorder avec la mondialisation, et les nouvelles relations qui en découlent ? Tel est le problème qui se pose à l’ONU, sous peine de laisser se développer une situation explosive sur le continent africain.
L’occupation égyptienne de la côte des Somalis du sud du détroit de Bal-El-Mandeb au cap Guardafui, de 1874 à 1884, fut interrompue par le retrait des garnisons égyptiennes à la suite de la révolte des Derviches du Soudan, soumis alors à la souveraineté du Caire. Les Britanniques, qui étaient installés à Aden, prirent la relève des Égyptiens tandis que la France s’établissait le long du golfe de Tadjourah. De son côté, l’Italie occupait, entre 1879 et 1890, la majorité des territoires somalis entre le Kenya et le golfe d’Aden. Différents traités entre ces puissances occidentales délimitèrent leurs zones d’influences respectives dans la région, et réglèrent leurs rapports avec l’Éthiopie. À la fin du siècle dernier, la Somalie actuelle était partagée entre trois territoires : la côte française des Somalis, le Protectorat britannique sur le Somaliland, et la colonie italienne de Somalie.
L’indépendance
Après la Seconde Guerre mondiale, la Somalie italienne fut placée sous le mandat des Nations unies, mandat exercé par l’Italie. En juin 1946, la Grande-Bretagne proposa à la France, à l’URSS, et aux États-Unis de rassembler la Somalie britannique, la Somalie ex-italienne, et la part adjacente de l’Éthiopie, en un seul territoire. La France, l’URSS et les États-Unis n’envisagèrent pas favorablement cette proposition. En 1947, la Grande-Bretagne proposa d’abandonner la Somalie soit à l’Italie, soit à un régime international qui comporterait le retour de l’Ogaden à l’Éthiopie. Londres évacua l’Ogaden qui fut occupé par l’Éthiopie le 24 septembre 1948. La frontière entre l’Éthiopie et la Somalie fut désignée sous le nom de « Ligne administrative provisoire » sur laquelle l’Italie qui administrait la Somalie sous la tutelle des Nations unies, pour dix ans avant l’indépendance, exprima les plus grandes réserves.
Le Protectorat britannique sur le Somaliland et le territoire Somali, sous la tutelle des Nations unies (ex-Somalie italienne), se fondirent en république de Somalie le 1er juillet 1960. Celle-ci prit l’engagement, par l’article 6 de sa Constitution du 1er juillet 1960, de « promouvoir par des moyens légaux et pacifiques, l’union des territoires somalis ».