Marine nationale - Les bâtiments futurs
Pourquoi s’intéresser particulièrement aux projets de navires en cours, à l’heure actuelle ?
Renouvellement
La Marine assure, en effet, pour se maintenir au meilleur niveau, un renouvellement progressif de la flotte, tant pour les bâtiments de surface que pour les sous-marins. Chaque année, des bâtiments correspondant au modèle de Marine sont retirés du service actif, d’autres y étant admis ; l’idéal étant, quand les budgets le permettent, de maintenir une moyenne d’âge des bâtiments inférieure à quinze ans.
Les ruptures technologiques
Par rapport à ce processus continu surviennent de temps à autre des événements, de nature technique ou socio-économique, qui revêtent un caractère structurant pour la conception des bâtiments et l’organisation de la flotte :
– le développement du moteur diesel marin de forte puissance dans les années 50-60 en fut une illustration ;
– l’arrivée à maturation du central opérations (CO) permettant d’assurer une exploitation optimisée des senseurs ainsi que la mise en œuvre centralisée des armes et systèmes de déception en est une autre, elle aussi déterminante tant pour l’agencement des bâtiments que pour les modalités de l’organisation opérationnelle en général.
Chacune de ces évolutions a constitué un grand pas vers le futur et a déterminé une nouvelle génération de bâtiments : respectivement aviso-escorteurs (puis avisos) et F60 (puis F67 et F70) ; la F60 type Suffren représentant un « concentré » historique de progrès fondamentaux.
L’entrée dans l’ère nucléaire, avec les sous-marins type Le Redoutable, a contribué, elle, à un changement de caractère stratégique dépassant le cadre de la Marine.
L’environnement actuel
Aujourd’hui, la Marine nationale voit son quotidien marqué par :
– un environnement de crises nécessitant, pour conserver la maîtrise des événements, l’ubiquité de même qu’une grande réactivité, ce qui transforme la confrontation sur mer ;
– les opportunités offertes par les technologies de l’information, fondées sur le recours au numérique ;
– les évolutions marquantes dans la construction navale appliquées au secteur civil telles que la préfabrication élaborée, l’automatisation, les bâtiments optimisés pour une maintenance efficace à faible effectif ;
– le défi de la professionnalisation, enfin.
Nouveaux concepts
De la mise en perspective de ces faits et de ces opportunités est née l’idée des « bâtiments futurs », au service de la performance et de la qualité de vie en opération dans le modèle 2015.
À partir d’un profil exploratoire pour ces navires de surface recourant à de « nouveaux concepts » s’est développée la démarche d’ensemble, destinée à s’appliquer avec réalisme à divers programmes, avec leurs exigences industrielles, économiques et politiques.
La nouvelle lignée a pour précurseur le bâtiment hydrographique et océanographique (BHO) Beautemps-Beaupré, sur l’expérience duquel les nouveaux concepts doivent être amendés. Cette adaptation pragmatique aux grands bâtiments de combat doit permettre de faire évoluer nos pratiques, sans induire de dysfonctionnements dans l’organisation globale complexe que constituent les bâtiments et le dispositif terrestre qui les pilote et les soutient.
Bâtiments de projection et de commandement (BPC)
La deuxième vague de ces bâtiments de surface de nouvelle génération est représentée par les bâtiments de projection et de commandement (BPC). Ils représentent un pas supplémentaire puisqu’ils seront les premiers bâtiments de combat à mettre en œuvre les principes de l’organisation modernisée, essentiellement haute disponibilité (quinze jours d’arrêt technique par an) et équipage réduit sur la base d’une optimisation des tâches et de l’emploi du temps, s’accompagnant d’une très nette amélioration des conditions de logement et de travail à bord.
Frégate multimissions (FMM)
L’épine dorsale de la flotte de surface 2015, porteuse d’enjeux majeurs pour l’institution Marine, sera constituée par les frégates multimissions FMM/FREMM, synthèse complexe de la plupart des nouveaux concepts, à réaliser sous budget contraint et en coopération.
Passerelle intégrée militaire, CO à équipes rationalisées, PC plateforme assurant le monitoring de la disponibilité des systèmes, « station de commandement » mobile pour le commandant : ces quatre pôles névralgiques du progrès concrétiseront la mise en œuvre des technologies de l’information et de l’ingénierie en facteur humain au service de la maîtrise de l’information et de la réactivité, au service également d’une qualité de vie en opérations préservée et respectueuse des valeurs durables de l’équipage.
Groupes de projet
La conduite de la démarche, au vu des défis et des enjeux qu’elle comporte, fait appel, en soutien des équipes de programme intégrées (EDPI), à une structure de projet pluridisciplinaire qui s’appuie sur deux volets :
– le projet fédérateur « navire à effectif réduit », dont le service des programmes navals (SPN) est maître d’ouvrage, et destiné à préparer les réponses techniques ;
– les groupes de projet « accueil des bâtiments futurs » au niveau de l’EMM et des forces, destinés à traiter de l’emploi, de l’organisation administrative et logistique, des volets ressources humaines.
Après deux ans de travail exploratoire et conceptuel, les groupes de projets peuvent aujourd’hui enrichir leur analyse grâce aux premiers retours d’expérience du BHO et sont conduits à amender leur approche en prenant en compte les éléments liés à la coopération FREMM ; cela a permis d’établir le plan d’action « accueil des bâtiments futurs » 2003-2004, qui prévoit les études d’organisation, de logistique et d’infrastructure destinées en premier lieu à l’accueil des BPC, ces études pouvant être réutilisées, cas par cas, au profit des FMM/FREMM.
Changements d’organisation
Ce plan est sous-tendu par la volonté de maîtriser les risques liés aux changements d’organisation, tant à l’échelon de l’unité qu’à celui de la Marine dans son ensemble :
– les adaptations doivent se faire si possible à bilan d’effectif global nul et coût d’infrastructures réduit ;
– les adaptations doivent aller dans le sens de l’amélioration des conditions de travail et de soutien du marin ;
– l’organisation doit intégrer les marges en effectifs pour aléas de réalisation technique dans les programmes considérés ;
– l’organisation globale doit offrir la souplesse permettant la coexistence des bâtiments d’ancienne génération et des bâtiments futurs.
Une fois engagée l’application pratique de la démarche aux FMM, le quatrième volet consistera à conduire dans le même esprit les études relatives au 2e porte-avions afin que son mode d’emploi, vu sous l’angle de l’environnement de soutien et des ressources humaines, soit cohérent avec celui de la flotte future.
Modernité et tradition
Réussir l’alliance dynamique de la modernité et de la tradition : telle est l’ambition du projet « bâtiments futurs » avec le double objectif opérationnel de l’efficacité et de la qualité des conditions de vie du marin, en surmontant les contraintes budgétaires. ♦