Vers une politique européenne de sécurité et de défense
Ce livre regroupe les actes d’un colloque réuni en juin 2001 à l’initiative du Centre de relations internationales et de stratégie, que dirige à la Sorbonne le professeur Jean Klein. Traitant de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), on pourrait s’attendre à trouver périmées les idées qui y sont exposées. Il n’en est rien, et pour deux raisons opposées. La première, qui porte à l’optimisme, est que l’essentiel des perspectives en la matière était, à la date du colloque, arrêté : les conseils de Cologne (juin 1999), d’Helsinki (décembre), de Nice (décembre 2000) avaient décidé du volume des forces à préparer et des structures nécessaires à leur mise en œuvre (comité politique, comité militaire, état-major). La seconde raison de l’actualité maintenue de l’ouvrage incline au pessimisme : la réalisation des mesures décidées progresse lentement. Aussi bien une bonne partie des communications ici rassemblées est-elle consacrée à expliquer le pourquoi de ce piétinement : absence de menace majeure, diversité des comportements militaires européens, pesanteur de l’arme nucléaire, ombre portée des États-Unis.
Rendre compte d’un ouvrage collectif oblige à un choix difficile. Le nôtre retiendra le survol historique d’André Brigot et son plaisant rappel du projet de l’abbé de Saint-Pierre « pour rendre la paix perpétuelle en Europe » (1713), le panorama que brosse Hervé Coutau-Bégarie des cultures stratégiques européennes et de leur fructueuse diversité, l’exposé d’André Dumoulin sur l’Europe et l’Otan, les précisions données par Michèle Bacot-Decriaud sur les réformes institutionnelles.
À ceux enfin qui déplorent le retard pris par « l’Europe de la défense », on suggérera, avec David Hanley qui parle du Kosovo, que la cacophonie européenne a ses vertus. La France est seule à prôner une Europe-puissance. Cette Europe-là n’est pas celle dont le monde a besoin. Protéger et promouvoir les droits de l’homme demande de la subtilité. La balourdise dont fait preuve en Irak la puissante Amérique ne nous incite pas à suivre son exemple. ♦