À l'heure où la France s'emploie à réactiver sa politique africaine, force est de constater une véritable fragmentation du continent noir. De la Côte d'Ivoire aux grands lacs, l'espoir des sorties de crises rapides se conjugue désormais à l'imparfait. Ce, alors que l'émergence de nouveaux facteurs et de nouveaux acteurs vient encore compliquer le champ géopolitique africain.
Politique et diplomatie - Afrique : les crises d'un continent
Au lendemain du Sommet de Cancùn, un constat s’impose : un seul continent est aujourd’hui plus pauvre qu’il y a vingt ans : l’Afrique. Avec quelque 650 millions d’habitants, l’Afrique subsaharienne regroupe plus de 10 % de l’humanité. Les projections démographiques onusiennes (tenant compte de la pandémie de Sida comme « facteur de pondération ») nous indiquent qu’en 2015, l’Afrique comptera 1 milliard 100 millions d’habitants dont près de 900 millions au Sud du Sahara. Un Africain sur deux a moins de dix-huit ans et l’urbanisation y devient de plus en plus difficile à gérer.
Macro-économiquement, les cinquante États subsahariens génèrent un PNB cumulé d’environ 250 milliards de dollars… soit 1 % du produit mondial brut, l’équivalent du PNB de la Belgique de 10 millions d’habitants ou de la seule Colombie de 42 millions d’habitants. Dans la mesure où un pays, l’Afrique du Sud, compte pour près de la moitié de ce total, l’Afrique noire hors Afrique du Sud et hors « économie populaire » dégage officiellement un PNB équivalent à celui de l’Autriche… 1/12e de celui de la France. Un constat analogue doit être opéré quant aux flux d’investissements directs étrangers (IDE) puisque l’Afrique noire draine à peine plus de 1 % des flux internationaux d’IDE.
La dette publique extérieure des États subsahariens atteint désormais 240 milliards de dollars. Marginale en volume, elle est considérable en termes de solvabilité. Le seul service de la dette aura ainsi englouti l’an passé près du quart des devises encaissées par les États subsahariens grâce à leurs exportations. Depuis vingt ans, l’Afrique noire a reversé plus de 150 milliards de dollars à ses créanciers sans parvenir à se remettre à niveau. On comprend mieux, dès lors, l’initiative en faveur des « Pays pauvres très endettés » (PPTE) relancée par la France en 2002 et la politique actuelle de Paris d’annulation, les unes après les autres, des dettes publiques africaines.
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