La guerre psychologique (II)
Dans Mein Kampf, Hitler expose les quelques principes qu’il a employés dans sa lutte. « La propagande est l’art essentiel de guider politiquement les masses. La tâche de la propagande n’est pas l’apport d’idées originales, mais l’application conséquente et sur une échelle énorme des règles de cette propagande. » Ce fut le rôle initial d’Hitler de donner au Troisième Reich sa bible et son programme parfaitement adaptés l’un et l’autre au peuple allemand. Il y a le mythe du Grand Reich allemand et de son espace vital. Mais il y avait avant tout et par-dessus tout le double mythe fondamental du sang et du sol, Blut and Boden. Les idées politiques dont se nourrit sa propagande sont très simples. Ce sont la légende du « coup de poignard » dans le dos en 1918, de la paix ignominieuse de Versailles, l’oppression des frères allemands, la persécution antisémite. À l’étranger ce sont l’attaque forcenée contre le communisme, les slogans « Europe réveille-toi », et la vitupération des démocraties. La propagande hitlérienne c’est le viol psychique basé sur la peur. C’est dans l’application perpétuellement uniforme de la violence que réside la première condition du succès. Nous retrouvons bien entendu ici toutes les règles qui assurent le triomphe d’une propagande : répétition, emploi des slogans, des symboles (Swastika), appel à l’émotivité, emploi des excitations monotones et répétées (musique ; roulements de tambour…).
Les adversaires d’Hitler l’ont toujours laissé faire. Ils ne s’inspiraient pas des mêmes méthodes ni des mêmes principes et ils ont tout perdu parce qu’en réalité la propagande est une arme terrible dans les mains de celui qui sait s’en servir. Pourtant le « Front d’Airain » fit une tentative louable pour barrer la route au mouvement national-socialiste. Il utilisa en 1931 pour ses campagnes électorales en liesse, en Bade et eu Bavière exactement les méthodes hitlériennes de propagande. Le succès dépassa toute espérance. Mais ce ne fut qu’un feu de paille, car le comité central du parti social-démocrate gâcha tout par son incompréhension et son inertie. Le 19 juillet 1932 la partie était gagnée par Hitler.
Vainqueur en Allemagne, le premier soin de celui-ci fut de créer un ministère de la propagande à la tête duquel fut placé Gœbbels. La violence psychique devait dès lors irradier à l’extérieur. Les buts politiques à atteindre, — l’hégémonie de l’Europe — étaient formulés dans Mein Kampf où les étapes étaient indiquées d’avance. Le premier coup frappé fut la Sarre. L’occasion s’y prêtait : un plébiscite dans lequel Hitler et Goebbels voyaient la possibilité d’employer largement leurs méthodes. Vinrent la Rhénanie, puis l’Autriche. Vers la fin de 1937, l’Allemagne jugeant les conditions favorables fait soudainement pression sur l’Autriche et provoque la réaction connue de Schussnig : proclamation du plébiscite immédiat, ici encore les méthodes d’Hitler et l’importance décisive qu’il leur attribue sont révélées très clairement. Il veut disposer d’un certain laps de temps pour faire précéder le plébiscite d’une propagande massive. Schussnig qui ne pouvait lutter avec lui sur ce terrain décide le plébiscite sans préparation. Résultat, le 13 mars les troupes allemandes entrent, en Autriche et prennent possession de Vienne.
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