Dans la prison que France est devenue – Mémoires de Résistance
En 1940, le futur professeur Jean Bernard a trente-trois ans. Jeune médecin tout juste démobilisé il n’accepte ni la défaite, ni l’armistice, ni l’occupation. Contacté par les frères René et Alexandre Parodi, il entre en résistance. Courant avril 1943 les Allemands l’arrêtent. Emprisonné à Fresnes, cellule 359, il y reste jusqu’à la fin de l’année. Sa levée d’écrou tient du miracle : il n’a été appréhendé que sur les soupçons d’une ordonnance délivrée par le fils d’un résistant connu.
Dans la prison que France est devenue raconte ce temps de geôle. C’est un livre à trois étages. D’abord celui de l’immédiat, de la résistance, de la claustration, des compagnons dont on se méfie, car chacun peut être un « indic », de la vermine et des insupportables démangeaisons qu’elle provoque, de la faim, de l’absence de tout livre, papier, crayon. Ensuite celui de l’évasion par la poésie : celle que l’on se récite (l’auteur appartient encore au temps où un homme cultivé connaissait les classiques par cœur), celle que l’on compose (chacun des poèmes créés sera appris, retenu et plus tard publié dans un recueil intitulé Survivance). Enfin celui de l’évocation, à la manière de la « Petite madeleine », qui renvoie à des heures familiales, littéraires (la librairie d’Adrienne Monnier et ses habitués) et médicales.
Le très beau livre d’un homme de bien et de culture. ♦