Défense en Europe - Communiqué du 3e séminaire européen de Klingenthal en Alsace - Manifeste pour une Conscience européenne de sécurité et de défense (CESD)
1 – 80 citoyens d’Europe, civils et militaires, universitaires, journalistes et jeunes, animés par la même volonté de faire progresser l’Europe de la sécurité et de la défense, se sont rencontrés au Conseil de l’Europe à Strasbourg et à Klingenthal, les 15, 16 et 17 octobre 2003. Ce séminaire, organisé par Cidan, en partenariat avec l’École de la Paix de Grenoble, EuroDéfense et Cidem (civisme et démocratie), a prolongé deux réunions antérieures : 5 pays en 2001, Allemagne, Belgique, Espagne, France et Grande-Bretagne ; 10 pays en 2002, les mêmes qu’en 2001, rejoints par quatre pays de l’Union européenne, Autriche, Grèce, Italie et Suède, et par la Pologne, pays candidat à l’époque ; 19 pays en 2003, ceux de 2001 et 2002, rejoints par quatre pays de l’UE, Finlande, Luxembourg, Pays-Bas et Portugal, quatre nouveaux membres en 2004, Hongrie, Lettonie, Slovaquie et Tchéquie et un candidat, la Bulgarie.
2 – Dans les domaines de la sécurité et de la défense, les actions politiques et l’adhésion des citoyens d’Europe doivent progresser ensemble. Les constructions institutionnelles ne peuvent acquérir de légitimité que si elles sont connues et approuvées par les citoyens. De même, la CESD ne peut s’édifier que sur des fondements définis, avec des valeurs reconnues et une culture commune ; et sur des réalisations politiques concrètes et claires.
3 – Quatre acteurs sont prioritaires pour affermir cette CESD : les politiques, les universitaires et les relais d’opinion, les enseignants et les formateurs, les diplomates et les militaires. Une table ronde a été consacrée à chacune de ces catégories.
4 – Plusieurs personnalités politiques ont témoigné, directement ou par leurs messages, au cours de ce séminaire : Catherine Trautmann, ancien ministre, Michel Barnier, commissaire européen, Christian Glöckner, EuroDéfense Luxembourg et Yves Fromion, vice-président de la commission de défense de l’Assemblée nationale. Un consensus s’est dégagé sur la nécessité absolue d’une CESD, complémentaire de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) ; mais nous savons que ces personnalités engagées pour l’Europe ne représentent pas la majorité de la classe politique européenne. Les perspectives, diversement partagées, concernent l’extension des accords de Petersberg au terrorisme et au concept de projection extérieure, la clause de solidarité pour la défense collective et enfin l’idée de « coopérations structurées » entre États militairement capables.
5 – Universitaires et relais d’opinion doivent surmonter des obstacles importants, et parfois même leurs propres oppositions internes, pour mieux transmettre les messages de civisme, de sécurité et de défense. On a souligné la nécessité de « donner du temps au temps », sans toutefois que l’argument soit décliné, comme c’est souvent le cas, pour retarder la marche à l’unité. Tout en reconnaissant leur responsabilité pour l’édification de la CESD, les médias souhaitent relayer des messages politiques plus divers et plus « charnels ».
6 – Enseignants et formateurs manifestent, à des degrés divers, mais au moins au niveau de l’intention, un intérêt soutenu pour les questions de défense et de sécurité, avec le développement des nouvelles menaces, diffuses mais plus clairement perçues depuis le 11 septembre 2001, et du fait du multilatéralisme croissant ; mais l’appréciation des résultats obtenus est plus contrastée. On constate le développement des raisonnements du type « vases communicants », consistant à prélever sur les budgets de la Défense pour donner à d’autres ; raisonnements confortés par l’hédonisme ambiant.
7 – Diplomates et militaires européens sont convaincus de la nécessité de conjuguer leurs efforts de sécurité et de défense, non seulement pour l’UE elle-même, mais aussi pour la place qu’elle doit tenir dans le monde. Ils pourraient sans doute le faire savoir davantage. Pour atteindre ces objectifs, trois problèmes majeurs doivent être résolus : le risque d’isolement des armées professionnalisées, la compatibilité de l’Otan actuelle avec une politique européenne de défense véritable, l’effort militaire très insuffisant de la plupart des membres de l’UE. Sans capacités militaires, pas d’influence dans le monde ; on le voit assez, de l’Afghanistan à la Palestine, en passant par l’Irak.
8 – Pour la première fois cette année, de jeunes professionnels et étudiants ont participé activement à ces échanges. Pleinement conscients que la paix est le fruit le plus précieux de la construction européenne, ils affichent leur volonté d’assumer leurs responsabilités. Ils ont formulé des propositions très concrètes, dont celles d’un programme civique européen et d’un service européen, civil et militaire. Pour l’Europe de la défense, les opinions sont en avance sur ceux qui les gouvernent et les jeunes sont à la pointe des opinions. C’est un grand réconfort.
9 – En conclusion, la CESD est directement liée à la volonté politique. La naissance de la CESD et l’adhésion à la PESD vont de pair, la première légitimant la seconde. La volonté politique ne peut être attendue que d’hommes déterminés et convaincus. Ce sont ceux-là qu’il faut élire. Le développement en parallèle de la conscience de défense repose sans doute sur l’éducation, la formation et l’information, mais aussi sur un désir d’action et d’engagement. Il est temps de susciter des enthousiasmes et de ré-enchanter l’Europe.
10 – Après ce cycle de trois années, consacré au concept de CESD, s’ouvre en 2004 une année primordiale pour l’Union, avec la mise en place des nouvelles institutions, l’élargissement à 25 pays et les élections au Parlement de juin. À notre niveau, l’objectif 2004 consiste à trouver ou créer des structures de type Cidan dans nos pays respectifs, à développer les enthousiasmes et à les coordonner. Nous allons le faire ! ♦