Une femme à Diên Biên Phu
Geneviève de Galard a vingt ans quand la guerre d’Indochine commence. Issue d’une des plus prestigieuses familles de France, elle rêve d’aventure, et s’en gage donc tout naturellement au sein des forces armées et choisit le métier de convoyeuse de l’Armée de l’air. Sa mission : assister les blessés lors des évacuations sanitaires aériennes dans le théâtre indochinois.
Le 28 mars 1954 le Dakota sanitaire qui l’achemine sur Diên Biên Phu, accidenté après son atterrissage, reste cloué au sol sans jamais pouvoir repartir. Prisonnière dans cette cuvette cernée par les Viêt-minhs son destin bascule. La voici alors engagée dans un combat sans nom où, seule femme à partager le sort des 15 000 soldats de l’armée française, elle fait montre, jour après jour, d’un courage exceptionnel qui force l’admiration de tous.
Affectée à l’antenne chirurgicale du camp retranché, démunie de tout, elle prend en charge, et ce durant six semaines, les blessés graves à leur sortie de la salle de réanimation. Par sa présence, elle incarne, pour ces combattants, la douceur et l’espoir dans l’enfer des combats incessants, rendant ainsi moins inhumain cet espace fait de sang, de boue et de feu. Impressionné par son dévouement, son courage et son abnégation, le général de Castries, qui commande les dernières troupes engagées, lui remettra fin avril la Légion d’Honneur et la Croix de guerre.
Le 7 mai 1954, alors que la cuvette de Dien Biên Phu, symbole de la combativité et de l’héroïsme des soldats français, ne répond plus et tombe entre les mains ennemies, elle est faite prisonnière et restera encore trois semaines aux côtés des blessés avant d’être libérée. À son retour en France elle fait l’objet d’une incroyable popularité, elle est alors célébrée dans le monde entier comme « l’ange de Dien Biên Phu ». Poursuivant sa carrière militaire elle continuera à assurer ses missions de convoyage en Algérie, avant de rejoindre, après avoir quitté l’armée française, l’institution des Invalides comme infirmière.
Récit sans emphase, fait de spontanéité et de vérité, ces pages merveilleuses sont écrites par une femme, témoin direct et engagé, qui accepte de rompre le silence et d’évoquer ses souvenirs sur une des aventures des plus tragiques de notre histoire. À la veille du cinquantenaire des combats d’Indochine quel meilleur témoignage que celui-ci. ♦