Je t'écris de la tranchée, correspondance de guerre 1914-1918
La correspondance de guerre de Roland Dorgeles présentée dans cet ouvrage rassemble près de 270 pièces – lettres et cartes confondues – couvrant les années 1914-1917. Deux lots distincts la composent : le premier contient les envois adressés au foyer parental et tout particulièrement à sa mère ; le second réunit les lettres adressées à Mado, la jeune femme dont il est éperdument amoureux. Miraculeusement retrouvée, cette correspondance inédite est un document exceptionnel sur la Première Guerre mondiale qui éclaire de façon passionnante la genèse des Croix de bois, le chef-d’œuvre du romancier qui demeure, encore aujourd’hui, l’un des plus grands témoignages sur la guerre de 1914-1918.
Ces récits uniques portent en effet un regard nouveau sur l’homme et le combattant que fut Roland Dorgeles, mais aussi sur ce double amour qui l’unissait d’une part à sa mère et d’autre part à Mado dont il était épris et qui l’abandonna mais qui conserva jusqu’à sa mort en 1972, les lettres de son amant.
Cette expérience qu’est la guerre est déterminante, tout d’abord, pour le soldat qui risque sa vie, pour l’écrivain aussi, car c’est là, dans la boue des tranchées, sous les obus et la mitraille, que très vite germe l’idée qu’il y a un roman à écrire sur la guerre, un roman vrai qui exprime enfin la vérité que cachent les journaux et que refusent d’entendre les civils. Par ces lettres nous apprenons, en effet, que l’écrivain griffonne sans cesse des notes, même dans les tranchées. Les chapitres ainsi peu à peu prennent forme et jour après jour se bâtit un témoignage sans pareil. Le titre, quant à lui, s’impose définitivement au printemps 1915, ce sera : Les Croix de bois. Ainsi de très nombreuses scènes ou images, mais aussi des mots, des sentiments présents dans les lettres ont été transposés dans le roman et permettent de livrer un témoignage qui frappe à la fois par sa singularité et sa force.
Tout au long de ces correspondances, le romancier a su préserver la sobriété, la spontanéité, l’authenticité du témoignage humain mettant en évidence le véritable sort du soldat. Chroniques quotidiennes bouleversantes et sensibles de la guerre, ces lettres sont pathétiques tant l’auteur se raccroche aux jours heureux faisant revivre par l’écriture sa nostalgie.
Ces échanges si familiers, si intimes, si pleins de vie sont assurément le témoignage d’une génération marquée à tout jamais par le cataclysme des combats. Ils nous offrent ainsi une clef exceptionnelle pour comprendre ces vies en lutte face à la tragédie de la mort de masse au front. Lire cette correspondance de Dorgeles c’est donc retrouver comme intact le drame de tout un peuple. ♦