La Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) s'est, en 2003, concrétisée dans deux opérations de gestion de crise : l'une, Concordia, menée en république de Macédoine d'avril à décembre 2003, l'autre, Artémis, conduite en république démocratique du Congo de juin à septembre 2003. S'inscrivant dans la nouvelle stratégie européenne de sécurité et s'appuyant sur le concept de nation-cadre, l'opération Artémis est la première opération dirigée de manière autonome par l'Union. Elle ouvre la voie à d'autres interventions européennes placées sous le signe de la réaction rapide et de la coopération avec les Nations unies.
Vers une Union opérationnelle ? Artémis
L’Union est opérationnelle… L’affirmation fera sans doute sourire les sceptiques, frémir quelques nostalgiques. Ceux-ci déploreront un nouveau renoncement, ceux-là opposeront les faiblesses, les dissensions, les impuissances mêmes de l’Europe et le rôle toujours premier joué par les Nations. Pourtant, c’est un fait, l’année 2003 a vu l’Union européenne lancer deux opérations militaires de gestion de crise, témoignage incontestable de sa capacité et de sa volonté à donner à la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) un contenu concret.
La première opération, Concordia, a été menée en république de Macédoine d’avril à décembre 2003 dans le cadre des arrangements définis entre l’Otan et l’UE, accords dits de « Berlin + » qui permettent de s’appuyer sur les moyens, notamment de commandement, de l’Otan. Une opération de police européenne, Proxima, en a depuis lors pris la suite.
La seconde opération, Artémis, objet de cet article, s’est déroulée en République démocratique du Congo (RDC) du 12 juin au 8 septembre 2003. Elle prenait le relais de l’opération Mamba, déclenchée par la France quelques jours plus tôt. Cette opération est une « première » à bien des égards. Pour la première fois, l’Union européenne (UE) menait une opération de gestion de crise de manière totalement autonome, hors du continent européen, en endossant une opération initialement lancée par un État membre, la France. Réalisée en situation de réaction rapide compte tenu de l’urgence humanitaire, l’opération s’est en outre inscrite dans le cadre de la première coopération opérationnelle avec l’Organisation des Nations unies (ONU).
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