Europe : élargissement, défense et sécurité
Devenue acteur global, l’Union européenne s’est dotée d’une Stratégie de sécurité, officiellement adaptée par le Conseil européen en décembre 2003. Grille de lecture des menaces de ce monde, cette Stratégie a trois objectifs : opposer des parades efficaces et ciblées aux différentes menaces, en exploitant toute la panoplie de moyens, pas seulement militaires dont nous disposons ; créer un cercle de bonne gouvernance à nos frontières orientales et sur le pourtour de la Méditerranée ; renforcer l’efficacité du multilatéralisme, et donc l’ONU et le partenariat transatlantique UE-Otan. L’Europe s’affirme ainsi en acteur global contribuant à la sécurité internationale.
La Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) s'est, en 2003, concrétisée dans deux opérations de gestion de crise : l'une, Concordia, menée en république de Macédoine d'avril à décembre 2003, l'autre, Artémis, conduite en république démocratique du Congo de juin à septembre 2003. S'inscrivant dans la nouvelle stratégie européenne de sécurité et s'appuyant sur le concept de nation-cadre, l'opération Artémis est la première opération dirigée de manière autonome par l'Union. Elle ouvre la voie à d'autres interventions européennes placées sous le signe de la réaction rapide et de la coopération avec les Nations unies. Lire les premières lignes
Concordia, première opération militaire de l'UE en Arym, a été un succès puisque après avoir été réclamée par les autorités locales pour prendre le relais d'une opération de l'Otan, elle s'est conclue à la satisfaction de tous. Cette opération, qui a également validé les accords dits « Berlin+ » de soutien de l'UE par l'Otan, a surtout démontré la capacité de l'UE à mettre en oeuvre des stratégies de gestion de crise globale, éclairées par une vision politique volontariste, dont le volet militaire ressort avec d'autant plus de légitimité et d'efficacité.
Dix ans après les accords de Dayton, on pourrait penser qu’il n’y a plus rien à dire sur la Bosnie, d’un point de vue militaire, ou sécuritaire. Toutefois, la France y est encore très présente, même si son action change de forme. Alors que l’Union européenne devrait reprendre à l’Otan la mission de la Sfor l’hiver prochain, il paraît utile de faire le point : de la situation sur le terrain, du dispositif français actuellement en place, enfin des changements en cours avant la relève par une éventuelle Eufor. Lire les premières lignes
L'histoire nous enseigne que l'existence d'une menace commune n'a jamais permis d'unifier l'Europe. C'est l'éloignement de la menace après la fin de la guerre froide et le basculement d'une défense territoriale à une défense de projection, qui ouvrent paradoxalement la voie à une « Europe puissance » par la défense ; mais les ambitions de cette « Europe puissance » sont limitées à la fois par l'hyperpuissance américaine et par les divergences toujours possibles entre puissances européennes.
La Stratégie européenne de sécurité offre un cadre clair pour l'ensemble de l'action extérieure de l'UE. Le potentiel en termes d'efficacité, de cohérence et de crédibilité est évident. La mise en oeuvre des choix exprimés dans la Stratégie , à travers tous les domaines de l'action extérieure, est un projet essentiel pour le rôle international de l'UE.
L'année 2004 présente une occasion unique pour la réalisation de l'Europe de la défense. En effet, plusieurs événements majeurs convergent : l'élargissement de l'Union européenne, l'élargissement de l'Otan et la création de l'Agence européenne de défense. Pour la Base industrielle et technologique de défense (BITD) européenne, confrontée à des défis majeurs pour sa pérennité, il est vital que la convergence de ces événements soit l'occasion de mener à bien les harmonisations nécessaires, en termes de lancement et de conduite des programmes, de décloisonnement des marchés nationaux, de soutien aux exportations et de préparation de l'avenir. L'Agence européenne de défense, qui sera mise en place par les 25 pays membres de l'Union, constitue l'instrument idoine du renforcement nécessaire de l'industrie de défense européenne.
En 2004, la défense européenne est à un tournant de son évolution. Largement souhaitée par les citoyens, elle s’organise selon un axe franco-allemand avec l’appui décisif de la Grande-Bretagne, qui entretient des relations privilégiées avec les États-Unis mais qui sait que son avenir est désormais en Europe. La défense européenne se construit également au regard de la nouvelle doctrine stratégique américaine qui privilégie les alliances de circonstance au détriment des alliances classiques et prône la guerre préventive. C’est le moment d’oser la défense européenne.
À la veille de l'élargissement de l'Union, il est précieux de mieux connaître l'évolution récente, les orientations, comme l'histoire, la culture et la société de nos futurs partenaires.
Repères - Opinions - Débats
Après avoir dressé le panorama géostratégique résultant du 11 septembre 2001, de la 2e Intifada et de la guerre en Irak, l’auteur étudie l’avenir du Partenariat euro-méditerranéen (PEM), bien mal en point. Il recommande que dans le Proche et le Moyen-Orient l’Europe reprenne l’initiative, laquelle restera distincte, mais complémentaire du Greater Middle East américain.
Le présent article caractérise la demande relative aux activités d'évaluation et d'essais réalisées au profit des systèmes de défense, présente la situation actuelle de l'offre européenne en la matière et développe le concept de base de test et d'évaluation de défense européenne (BTED). Il constitue une contribution utile et intéressante au moment où se tiennent les discussions visant à mettre en place l'Agence de défense européenne.
Le bicentenaire du Code civil est l'occasion pour l'auteur de se pencher sur la valeur de cet instrument juridique, qui pourrait servir de modèle à un code civil européen, symbole de la marche de l'Union vers une Nation européenne.
Examen des relations UE-Otan par un membre de l'état-major militaire de l'UE (EMUE) ; particulièrement opportun après les opérations Concordia et Artémis, et l'adoption de la Stratégie européenne de sécurité . La montée en puissance de l'UE devrait conduire, selon l'auteur, à une clarification des relations transatlantiques et à des actions complémentaires de l'UE et de l'Otan.
Cet article présente une analyse originale des positions française et américaine un an après la chute de Saddam Hussein. L'auteur considère que nos visions géopolitiques, loin de s'opposer, peuvent être complémentaires face à la menace du fondamentalisme musulman. Il est donc grand temps de s'en convaincre et de mettre tous nos efforts en commun pour gagner ce combat.
Les espaces aéromaritimes et les forces aéronavales ont occupé une place centrale dans la préparation et l'exécution de l'intervention militaire américano-britannique en Irak. L'opération Iraqi Freedom révèle aussi l'ampleur de la mutation amorcée au sein de la Marine américaine pour accroître la contribution des forces aéronavales aux opérations interarmées. Lire les premières lignes
Constatant la confusion dans l'acception des mots « menaces, risques et défis », l'auteur, chercheur tchèque, propose après une brillante analyse sémantique des définitions précises de ces trois mots. Quels risques sommes-nous prêts à courir pour les annihiler, et saurons-nous les assumer ? Tels sont les défis qu'il faudra bien relever !
À quoi sert une force armée de type gendarmerie dans un monde de plus en plus confronté à la violence, dans un monde dans lequel la crise est devenue latente et peut resurgir à tout moment ? La Gendarmerie est d'abord une force de proximité qui exerce son action de police au quotidien. C'est aussi un instrument consacré à la prévention et à la gestion des crises. Force de police à statut militaire, elle offre une capacité sans équivalent pour garantir la continuité de l'action de l'État. Les opérations de maintien de la paix lui ont apporté cette même reconnaissance au plan international. Sa contribution à la création de la force de police européenne a été déterminante et illustre l'intérêt que les organisations internationales et les États manifestent à l'égard d'une force armée de type gendarmerie.
Après avoir traversé une sombre période pleine de souffrances et de destructions, l'Afghanistan entre maintenant dans une phase de reconstruction. Un rappel des événements écoulés au cours du dernier quart de siècle montre dans quelles conditions la résistance afghane a pu vaincre les forces soviétiques et dresser un rempart contre les taliban et Al-Qaïda. Les motivations qui devraient pousser notre pays à coopérer davantage avec l'Afghanistan sont aussi bien d'ordre humanitaire que d'ordre stratégique ou culturel. Il semble que l'avenir de l'Afghanistan soit assuré en raison notamment de la récente promulgation d'une Constitution démocratique prenant en compte le caractère islamique de la société afghane actuelle et le nécessaire respect des droits de l'homme. L'auteur confirme le rôle décisif qu'a joué Ahmad Shah Massoud dans le processus de renouveau d'un pays naguère plongé dans des combats apparemment sans issue.
Chroniques
La loi d’orientation et de programmation relative à la sécurité (Lops) du 21 janvier 1995 consacre le rôle déjà primordial du préfet en matière de sécurité publique, en l’étendant à l’ensemble des services de l’État (1). Cette montée en puissance du préfet, déjà responsable des opérations de maintien et de rétablissement de l’ordre conduites au plan local, s’inscrit dans un mouvement confirmé par le décret du 1er juillet 1992 portant charte de la déconcentration (2). Pour ce qui est de la gendarmerie, si le travail parlementaire avait permis d’opérer une rédaction définitive susceptible de préserver son identité militaire (ce que confirme la mention « sans préjudice des textes relatifs à la gendarmerie ») (3), cet article reconnaissait malgré tout, en matière de police administrative, l’autorité fonctionnelle du préfet sur la gendarmerie, sans pour autant induire alors — comme c’est le cas s’agissant de la police nationale — une autorité hiérarchique du représentant de l’État sur le commandant de groupement de gendarmerie départementale. Lire la suite
Bibliographie
La biographie d’un homme célèbre, pour peu qu’elle s’éloigne de la louange convenue, partage les lecteurs en deux camps : les uns s’indignent de voir leur héros rapetissé, les autres se réjouissent de découvrir sous les dehors superbes un homme ordinaire, derrière le modèle, un frère. Ce second sentiment est réconfortant. C’est celui auquel Arnaud Teyssier nous conduit. Lire la suite
L’auteur est un spécialiste de prospective en matière de Défense nationale. Il a allié une carrière militaire classique à des temps d’étude et de réflexion. Il a été le conseiller de plusieurs ministres. Lire la suite
Rédigé dans un style alerte non exempt de tournures typiquement journalistiques, ce livre rappellera bien des souvenirs à ceux qui ont connu l’époque de la Libération. Il présente le mérite de s’écarter des poncifs et du domaine des célébrations grandiloquentes et de bien décrire les choses telles qu’elles apparurent à une population démunie et quelque peu médusée : la stupéfaction admirative ressentie devant l’opulence et la décontraction de ces nouveaux envahisseurs, suivie d’une cohabitation parfois encombrante et agaçante avec des garçons en train d’importer en toute impudeur leur American way of life, pour eux alpha et oméga de la civilisation. Lire la suite
Voilà un livre très attendu. Cofondateur de l’association Guerrelec dont il fut l’un des membres les plus actifs, le général Jean-Paul Siffre nous a légué avec ce livre sa vision de la guerre électronique, cela juste avant de disparaître en juin 2002. Désireux de rendre hommage à un officier qui a très largement contribué à développer cette discipline nouvelle dans les forces, ses amis et compagnons d’armes ont alors décidé de porter ce travail jusqu’à édition. Lire la suite
Dans un style fort agréable et sans modestie excessive, l’amiral Denis livre ici à son lecteur les réflexions d’un sage. En dix-sept courts chapitres, sans autre fil conducteur que de passer de la stratégie à la critique d’ensemble de notre société, mais avec une grande cohérence dans la pensée et dans son expression, l’auteur rappelle les menaces (au premier rang desquelles figure actuellement le terrorisme international) qui nous assaillent, au regard de notre indéniable et coupable vulnérabilité. Lire la suite
Au fil de cet ouvrage passionnant, l’auteur, officier de gendarmerie et docteur ès sciences politiques, analyse les rapports entre terrorisme et criminalité organisée. Dans un premier temps, son travail porte sur la détermination des concepts de criminalité organisée puis de terrorisme. Il se demande ensuite comment observer ces organisations et propose, enfin, une analyse stratégique, sous le double aspect d’une part de l’identification et de l’analyse sociologique et politique, et d’autre part de l’approche opérationnelle. Lire la suite
L’édition originale, en langue allemande, est sortie à Munich. Si la parole est donnée largement aux Alliés, et notamment à leurs diplomates comme Harold Nicolson, les « témoins de l’époque » réunis dans une troisième partie du livre sont choisis en grande majorité parmi des responsables et intellectuels allemands notoires, comme Thomas Mann ou Ernst Jünger, ou parmi des Occidentaux presque tous défavorables au Traité en général et à la dureté des conditions imposées à l’Allemagne en particulier. La « version française », que ce soit celle de Clemenceau ou celle de Foch qui veut border le Rhin, est donc soit absente, soit sévèrement critiquée. Cette présentation, après tout non surprenante dans un ouvrage paru outre-Rhin, n’a rien de scandaleux. Elle semble au contraire salutaire, dans la mesure où elle permet de se dégager de notre interprétation un peu chauvine de l’affaire (bien compréhensible au vu des dommages subis, des souffrances endurées et de « l’effort surhumain » prononcé par nos anciens quatre ans durant) et de fournir l’occasion de se mettre à l’écoute d’autrui. Lire la suite
Par la production de films dits de « sécurité nationale », les studios d’Hollywood se révèlent être un acteur essentiel du débat stratégique américain, une position qui s’exprime à travers des genres variés, le thriller, la science-fiction, la saga historique, voire la comédie. Nous avons là le premier ouvrage cherchant à décrypter les relations très particulières qui se sont nouées entre Hollywood, les forces armées et le pouvoir politique. Docteur en études stratégiques et en sociologie de la défense, chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche sur la paix et d’études stratégiques (Cipres), Jean-Michel Valentin, détaille la véritable collaboration qui unit ainsi depuis la Seconde Guerre mondiale les armées américaines et les studios de cinéma. Lire la suite
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