L'auteur revient sur l'importance de la géographie à la guerre. Il prend comme exemple la préparation gréographique du Corps expéditionnaire français en Italie lors de la Seconde Guerre mondiale, plus particulièrement pour la bataille du Garigliano : l'étude poussée a permis de trouver des itinéraires de pénétration ainsi que des points de ravitaillement en eau, vitaux vu la date (mai 1944).
La préparation géographique des opérations au cours des dernières campagnes
On énonce une vérité d’évidence, de nos jours, en déclarant que toute opération militaire, loin d’être uniquement le choc de forces matérielles, exige la mise à l’épreuve de techniques nombreuses.
À notre époque de guerre totale, avec la mobilisation de toutes les ressources d’une nation, les énergies intellectuelles en général, le travail scientifique plus particulièrement, jouent un rôle appréciable dans la préparation d’une victoire. Certes, de tout temps, le cerveau des chefs fut aussi indispensable que la résistance physique ou la qualité des armes du combattant. Mais les guerres du XXe siècle ont vu, par une évolution inéluctable, s’étendre et se ramifier les sections des états-majors, avec une spécialisation de plus en plus précise et la mise en place de techniciens authentiques. L’un des plus intéressants aspects de cette transformation nous est offert par l’importance accordée aux études géographiques dans leur application au domaine militaire.
Importance permanente du problème
La géographie impose ses cadres à la guerre : c’est ce que souligne la persistance à travers les siècles des mêmes noms de batailles, venant illustrer les annales et les communiqués. Pour ne citer en exemple que les moments décisifs des dernières campagnes, il n’est pas une étape d’entre elles qui n’évoque des légions de souvenirs militaires. Le mont Cassin était déjà le point fort au Moyen Âge que les empereurs d’Allemagne voulaient tenir sous leur contrôle pour dominer le Sud de la péninsule italienne : les plaines du Garigliano, avec leur bordure montagneuse, furent, à toute époque, la zone contestée (témoin l’épisode de Bayard) entre les États pontificaux et ceux de Naples-Sicile : les sièges de Gaëte ne se comptaient déjà plus avant la ruine de cette ville au cours des opérations de 1944. Il en est de même pour Radicofani, où se manifesta la première résistance sérieuse des Allemands, fin juin 1944, et qui fut jadis la clef des communications entre Latium et Toscane. Que dire, par conséquent, de la Porte de Bourgogne, cette voie de passage tracée par la nature, où, depuis la campagne de Turenne, l’automne 1674, jusqu’à celle de la 1re armée à la fin de 1944, se sont toujours déroulés les engagements décisifs pour l’accès du Rhin ? Au-delà, vers l’Est, enfin, les armées en marche vers le Danube avaient plus d’une fois longé les rives du lac de Constance (Jourdan sous le Directoire), de façon à tourner les obstacles de la haute vallée du fleuve.
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