It's a long way to Normandy - 6 juin 1944
Maurice Chauvet a fait partie des 177 Français, les « bérets verts », du commando Kieffer qui ont débarqué sur les plages de Normandie le 6 juin 1944. Il a écrit cet ouvrage en se basant sur les notes qu’il avait prises avant l’opération au mois de mai pour sa mère, et, après avoir été blessé et évacué, le 11 juin, pour le QG des Opérations combinées.
L’auteur met les choses au point dès le premier chapitre. En tant que conseiller pour le film Le Jour le plus long, il désapprouve la production hollywoodienne et les commandements militaires français et américains qui ont arrangé, voire amplifié, certaines parties historiques pour que le scénario soit « grand public » et que chacun y trouve son compte. Par exemple, la prise réelle du casino de Ouistreham par moins de 20 hommes était passée pour le cinéma à 160.
Qu’importe, l’intérêt de ce livre est dans le récit de l’auteur pour gagner l’Angleterre et participer, avec les forces qui s’y préparent, à la reconquête de la liberté. C’est un long périple depuis la défaite française en 1940 : Mers el-Kébir et le « matraquage anti-britannique imbécile », la fuite de la France pour continuer la guerre, le camp de concentration en Espagne, et enfin l’entraînement en Écosse et l’incorporation dans le commando Kieffer.
L’auteur est un véritable narrateur car son style alerte et les nombreuses anecdotes qui enrichissent son texte nous maintiennent en haleine jusqu’au jour « J ».
Les deux derniers chapitres concernent le débarquement sur les côtes normandes et « la route de Paris ». En tant qu’acteur et spectateur, Maurice Chauvet nous livre son témoignage.
Plus de la moitié de son unité est composée de marins bretons comme lui « entrés au commando par instinct plus que pour les triades patriotiques… Pour eux, la France ce n’est pas un drapeau mais une maison, une lande, la mer, une barque ou une fiancée dans un monde en paix ».
Il nous présente « des Français incrustés à Londres qui attendent la fin de la guerre pour repartir à Paris avec un titre ou un grade et une réputation de combattant bâtie dans les coulisses douillets des bureaux ».
Pendant les combats : « Je sais bien que le courage n’existe pas. Tout homme connaît la peur à moins d’être un inconscient. Je sais aussi que le sang-froid est important… mais ce qui est capital, c’est l’amour-propre ! Il permet non de vaincre la peur mais de feindre le sang-froid… et de ne pas communiquer sa panique aux autres. C’est sans doute cela le vrai courage » !
On ne peut être qu’en admiration devant le parcours de Maurice Chauvet pendant cette période. On lui doit tous les honneurs. ♦