La destruction, outil majeur traditionnel de la capacité de coercition des forces armées, perd tous les jours un peu plus de sa légitimité au regard des opinions publiques, et voit donc réduite d'autant son utilité politique. Si elles veulent continuer à pouvoir soutenir la volonté des États, donc rester légitimes, les armées doivent trouver les voies nouvelles permettant de produire des effets politiques en préservant les vies et limitant les dommages. L'une des solutions s'impose : le retour à l'indirect, politiquement indispensable mais traditionnel parent pauvre de la pensée militaire française.
Pour l'approche indirecte
« Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes ; la vraie victoire, c’est de l’épargner. »
Louis XV à son fils le Dauphin, au soir de la belle victoire de Fontenoy, 11 mai 1745
Les conditions d’emploi de la force évoluent. Aujourd’hui en particulier, la liberté d’action militaire des États est fortement contrainte par la notion du « politiquement acceptable » et par la « bonne conscience » de l’opinion publique nationale et internationale, juge immédiat de l’action des armées.
La qualité d’un outil militaire relève moins désormais de sa puissance de destruction que de son aptitude à parvenir à l’effet politique recherché en réduisant au minimum les pertes et dommages ; de sa capacité de « coercition sans dévastation », qui est autant une affaire de style opérationnel que de caractéristiques des systèmes d’armes. C’est dire que l’approche directe doit désormais s’effacer devant le style indirect, mieux à même de contraindre tout en préservant les vies et limitant les dommages. Cette évolution des voies pour l’action est devenue nécessaire à la défense des intérêts nationaux.
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