S’interrogeant sur sa nature et sur son rôle dans le monde, l’Union européenne doit, avant tout, redéfinir ses relations avec les États-Unis : pourquoi et comment assurer une coopération politique et militaire équilibrée entre l’ensemble européen en gestation et « l’hyper puissance » américaine ?
Relation transatlantique : UE-valeurs ou UE-puissance ?
Le monde de l’après-guerre froide est marqué par un éclatement des blocs qui ouvre l’éventail des combinaisons géostratégiques, mais force est de constater que cette ouverture se fait surtout dans le domaine des fanatismes en tout genre. Ce qui conduit les uns à prédire une « guerre des civilisations » et les autres (ou les mêmes…) à la préparer. Ce monde est également confronté à une marginalisation du politique par l’économie libérale : soumis à cette nouvelle vulgate, désarmés face aux structures supra ou transnationales (multinationales, ONG…), les États se cantonnent trop souvent à la fonction élémentaire de protection physique de leurs citoyens en abandonnant leur protection économique ainsi que les politiques cohérentes de développement et de ressources pourtant indispensables à la sécurité globale.
Ce monde, ainsi redevenu dangereux, est fasciné à la fois par le mode de vie américain et par l’organisation européenne. En même temps, la relation transatlantique, stabilisée pendant la guerre froide sous le nom de « bloc occidental », est soumise à rude épreuve par la réorientation nationaliste actuelle de la politique américaine. Les divergences d’intérêts et d’appréciation qui en résultent ont même conduit, en 2003, l’Union européenne au bord de l’éclatement.
Foin d’un « antiaméricanisme primaire » ou d’un « américanisme béat », des clichés sur « l’Europe de la gastronomie et des mouvements sociaux »… Son élargissement force l’Europe à s’interroger sur sa nature et sur son rôle dans le monde, et cela exige d’abord une redéfinition de la relation transatlantique. D’où la question : pourquoi et comment assurer une coopération politique et militaire équilibrée entre l’ensemble stratégique européen en devenir et l’« hyperpuissance » ? Plus précisément, l’Europe doit-elle se penser comme la « Grèce de la nouvelle Rome » (en tant que pôle de référence des valeurs de l’Occident) ou comme la « Germanie de la nouvelle Rome » (en tant qu’ensemble de nations auxiliaires de la puissance tutélaire) ? Doit-elle au contraire contester le concept de « nouvelle Rome » en se posant en référence originale et en s’affirmant comme « producteur autonome de sécurité » ? Sur ce thème, le CARA (comité d’analyse et de réflexion sur l’actualité), constitué d’un groupe d’auditeurs de l’IHEDN qui depuis 1991 s’attachent à proposer des approches stratégiques de l’actualité, a rédigé ce bref document en trois parties : les États-Unis face à l’Europe ; l’Europe face aux États-Unis ; que proposer pour la relation transatlantique ?
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